Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/419

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE
DU BRAHMA SOMAJ

UNE TENTATIVE DE RELIGION NATURELLE
DANS L’INDE CONTEMPORAINE.


Le dernier dimanche de l’an 1876, ayant pris la rue de Machoa-Bazar, dans le quartier indigène de Calcutta, je m’arrêtai devant une sorte d’église néo-gothique, où des cloches sonnaient à toute volée. L’intérieur était occupé par trois cents ou trois cent cinquante indigènes, drapés dans ces châles blancs et flottans qui contrastent d’une façon si piquante avec le teint bronzé des Bengalais et font songer aux beaux jours de la toge antique. Il n’y avait guère qu’une dizaine de femmes disséminées dans la foule, mais certains frémissemens derrière le voile de gaze qui cachait le jubé me firent soupçonner avec raison que l’assistance n’était pas aussi exclusivement réduite au sexe fort. En face de l’entrée se voyait un védi, — petite plate-forme de marbre, exhaussée de plusieurs degrés et entourée d’une balustrade, — où l’officiant, en simple surplis de mousseline, attendait, accroupi à l’orientale, l’heure de commencer la cérémonie. J’aurais pu me croire dans quelque congrégation de protestans indigènes, n’eût été l’absence de tout ornement emprunté à la symbolique du christianisme. D’autre part, il n’y avait là ni