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Lao-kaï, nous croyons rendre un grand hommage à la bravoure des soldats ancamites ; encore ne faudrait-il pas trop se rappeler qu’avec cent cinquante hommes que secondaient quelques soldats chinois aux ordres de M. J. Dupuis, Francis Garnier s’est emparé de tout le Bas-Tonkin, de sa capitale, d’une forteresse défendue par sept ou huit mille hommes et deux cents bouches à feu.

On évalue à trente ou quarante mille soldats l’effectif de l’armée régulière du roi Tu-Duc ; dans ce chiffre n’est pas comprise la milice provinciale. Selon la loi annamite, le recrutement fournit un soldat sur trois hommes, mais, en temps de paix, il n’en est exigé qu’un sur sept. Si le nombre des inscrits n’est pas un multiple exact de sept, la commune bénéficie de l’excédent, c’est-à-dire que, sur quarante-huit jeunes gens inscrits, la commune n’en doit que six. Les engagés volontaires ne viennent pas en déduction des contingens exigés. Malgré les cadres apparens d’une importante organisation militaire, une bonne partie de l’armée annamite n’existe que sur le papier. Cette armée sert d’ailleurs par bans en temps de paix. Après avoir passé trois mois au service, le soldat revient pendant trois autres mois dans ses foyers pour rentrer de nouveau dans les rangs. Si l’on a appelé trois bans au lieu de deux, le soldat sert alternativement trois mois au lieu de six. La durée du service militaire est de dix ans.

L’armée impériale est placée sous les ordres d’un maréchal ; elle est divisée en armée de la garde, dite vé, — et milice provinciale, appelée . Chaque régiment, ou plutôt chaque bataillon d’infanterie, se compose de cinq cents hommes chacun. Dix régimens forment une division de cinq mille hommes commandés par un général, thong ché, ayant sous ses ordres dés brigadiers ou dê-doc. A la tête de chaque bataillon est un commandant, chanh-vê-huy, vulgairement appelé quan-vê, lequel est assisté d’un lieutenant-commandant pho-quan-vê. Chaque compagnie de cinquante hommes. a pour chef un cai-dôi ou suât-dôi, ayant sous ses ordres des sous-officiers correspondant à nos sergens et caporaux. La milice nationale appelée est fournie par chaque province ; elle est proportionnée au chiffre de la population. Chaque régiment de cette garde nationale est commandé par un officier, — chanh-quan-có, — lequel est encore assisté d’un commandant en second, — pho-quan-có. Les uns ont la garde de la capitale, les autres font le service des provinces dans lesquelles ils sont recrutés. Les troupes de la marine, — il ne leur manque que des vaisseaux, — comptent, — sur le papier, — trente régimens. Elles paraissent placées sous les ordres d’un amiral et d’un vice-amiral. La cavalerie est nulle ; mais, lorsqu’une colonne de dix régimens est en marche, elle est