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L'ANNEXION DU TONKIN

I. L’Ouverture du Fleuve-Rouge, par M. J. Dupuis. — II. La Province chinoise du Yunnan, par M. Emile Rocher. — III. Le Pays d’Annam, par M. E. Luro. — IV. Rapport sur la reconnaissance du fleuve du Tonkin, par M. de Kergaradec. — V. Histoire de l’intervention française au Tonkin, par M. F. Romanet du Caillaud. — VI. Cochinchine française. Excursions et reconnaissances.

Nous n’éprouvons aucune confusion à reconnaître qu’en 1874, étant encore sous l’influence des événemens de l’année terrible, nous avons ici même félicité le gouvernement de ce que l’assaut donné par une troupe française à la citadelle d’Hannoï, la capitale du Tonkin, ne lui forçait pas la main et ne l’obligeait pas à une occupation selon nous prématurée[1]. En ce temps-là, avec la majorité de la nation, nous avions la douleur de croire que notre pays n’avait été jamais moins en mesure d’étendre par les armes les limites de ses colonies, plus sévèrement contraint de se montrer avare du sang de ses fils. Aujourd’hui, nous ne pensons plus ainsi. Autant nous étions partisans d’une sage réserve avec une France affaiblie et un trésor vide, autant avec une France riche et forte nous désirons qu’on se hâte d’aller prendre dans l’extrême Orient la position que nous y devons occuper, venger en même temps le mépris de la foi jurée et l’insulte faite à notre pavillon par un roitelet asiatique. Que ceux qui nous font l’honneur de nous lire soient persuadés qu’en conseillant l’annexion du Tonkin nous sommes loin de vouloir lancer notre pays dans une de ces aventures sentimentales où le désintéressement est si près de la duperie. Ici, rien de

  1. Voyez, dans la Revue du 1er mai 1874, le Tonkin et les Relations commerciales.