reçu par les héros qui l’y avaient précédé. Les obsèques des princes étaient une des occasions où se déployait le plus le luxe des scandinaves, qui demeurèrent longtemps fidèles à leurs vieux rites païens. Au tumulus de Sollested en Fionie, on a découvert les restes d’un très gros cierge qui paraît avoir fait partie du luminaire allumé quand eut lieu l’inhumation. De ce même tertre de Sollested, ainsi que de celui de Mollemosegaard, on a retiré des seaux en bois et des vases en bronze vraisemblablement destinés à recevoir les alimens préparés pour le mort ou les débris du sacrifice et du festin funéraire. Au tumulus de Mammen, dont il a déjà été parlé, deux seaux en bois étaient associés à un chaudron en bronze et à un gros cierge qui surmontait le cercueil en chêne dans lequel avait été déposé le mort, enveloppé d’un linceul d’étoffe brodée de soie, la tête posée sur un coussin rempli de duvet. Au tumulus de la reine Thyra, à Jellinge, en Jutland, on a trouvé pareillement une torche en cire et un coussin rempli de duvet dans la large chambre sépulcrale construite en madriers de chêne et recouverte de solives du même bois, qui constituait le caveau de cette princesse. Tout le mobilier funéraire de la sépulture de Jellinge, l’une des plus remarquables qui aient été signalées en Danemark, atteste le luxe des funérailles chez les Scandinaves. L’intérieur du tombeau était divisé en deux chambres, l’une où reposait la reine, l’autre destinée au roi Gorm, son époux. On a recueilli dans ces deux caveaux divers objets en bois peint découpé, en argent, en bronze doré, tous d’un style dénotant l’époque païenne, à l’exception d’une croix plaquée d’or et de quelques figures cruciformes, indices des premières conquêtes que le christianisme faisait, dès le Xe siècle, en Danemark.
Les monumens qui surmontaient les tumulus renfermant les personnages de distinction, sans annoncer une architecture bien développée, prouvent cependant que les Scandinaves n’étaient point, en fait de construction, fort inférieurs aux Romains de la décadence ; ces monumens consistent habituellement en grandes stèles ou pierres debout portant quelquefois des inscriptions runiques en l’honneur du défunt, A la première période de l’âge de fer, ces épitaphes n’affectent pas, sous le rapport de l’exécution et de la rédaction, un caractère aussi indigène qu’à l’époque suivante. La langue en est archaïque : elle décèle une influence du dehors. Mais au temps des Vikings, les mots, comme la configuration des lettres, ne présentent plus ce caractère, et ils offrent un type purement scandinave. Nous avons là une preuve de l’essor que tendait à prendre l’idiome des populations du Nord. C’est en Danemark et dans les cantons où s’étaient établis les Danois que ce mouvement