Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
ROLE DE LA DIPLOMATIE
DANS LA QUESTION GRECQUE

Il en est de toutes les assemblées, petites ou grandes, comme des simples particuliers : elles succombent facilement à la tentation de se mêler de ce qui ne les regarde pas. Tout récemment, le conseil général des Bouches-du-Rhône et celui de Saône-et-Loire ont tenu, sans que personne les en priât, à faire acte d’adhésion aux doctrines des Amis de la paix. Ils ont voté une motion en faveur de l’abolition de la guerre, ils ont émis le vœu que désormais tous les différends internationaux fussent jugés pacifiquement par un aréopage européen. Ce vote a paru fort singulier, et il en faut conclure que l’air qu’on respire à Marseille comme à Mâcon prédispose à la foi, car aujourd’hui ces deux villes sont les seules de toute l’Europe où l’on croie encore aux aréopages. Partout ailleurs le sentiment qui domine est une défiance peut-être exagérée à l’égard des arbitrages et des arbitres.

Il faut avouer que depuis quelque temps la diplomatie n’a pas eu la main heureuse ; elle semble s’appliquer à fournir des armes et des argumens aux sceptiques ; qui prétendent qu’elle ne sert plus à rien, que les gouvernemens devraient rappeler leurs ambassadeurs et les remplacer par des téléphones. Tous les hommes qui raisonnent trop finissent par déraisonner, et c’est ce qui arrive à ces sceptiques. Il n’en est pas moins vrai que le grand public, qui ne juge des choses que par l’événement, est disposé à voir d’un œil peu favorable les prétendus