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Ce dernier commençait à éprouver de sérieuses inquiétudes en voyant la tournure que prenaient les affaires d’Irlande. Il avait manqué de prévoyance en ne se rendant pas compte que la nomination de lord Fitzwilliam à la vice-royauté d’Irlande allait donner une impulsion presque irrésistible au mouvement en faveur de l’émancipation des catholiques ; mais, d’un autre côté, il estimait avec raison que le nouveau vice-roi avait singulièrement aggravé la situation par ses imprudences. Il le lui fit sentir dans une lettre assez sévère. Le malheureux lord Fitzwilliam était un politique médiocre, mais un fort galant homme, et il avait à un haut degré le souci de sa dignité. Il ne supporta pas le désaveu dont il était frappé. Il envoya sa démission le 25 février. Un mois plus tard, le 25 mars, il s’embarquait pour l’Angleterre. Le jour de son départ fut un jour de deuil pour la population de Dublin. Les boutiques furent fermées, les affaires suspendues. On essaya de s’opposer à son embarquement. Ce premier essai de gouvernement libéral et conciliant avait duré à peine trois mois.

L’arrivée du nouveau vice-roi, lord Camden, fut accueillie par des troubles. La rupture entre le gouvernement irlandais et la grande masse de la population était accomplie. Quelles que fussent les intentions personnelles de lord Camden, il ne pouvait plus être que l’instrument d’une politique de résistance. Il se mit absolument entre les mains de Fitzgibbon. Le chancelier d’Irlande était un esprit étroit et intolérant, mais un caractère énergique et résolu. Sous son impulsion, le gouvernement irlandais se prépara à la lutte. Que devenait, pendant ce temps, le malheureux bill de Grattan ? Il avait subi sans discussion, le 12 février, l’épreuve de la première lecture, considérée comme insignifiante ; mais le 4 mai arrivait la deuxième lecture. Les partisans et les adversaires de la proposition s’étaient donné rendez-vous pour cette épreuve décisive. Le vote ne fut pas un instant douteux : 84 voix seulement se prononcèrent en faveur de la réforme proposée par Grattan, 155 voix la repoussèrent.

Une seule mesure fut prise dans cette session en faveur des catholiques d’Irlande. Elle était d’ailleurs aussi indispensable qu’urgente. Jusqu’alors, les jeunes gens qui se disposaient à entrer dans le clergé catholique étaient obligés de faire leurs études sur le continent. En général, ils choisissaient les collèges ecclésiastiques de Douai et de Saint-Omer. La révolution française ayant fermé ces deux établissemens, le clergé catholique, depuis plus d’un an, demandait la création d’un séminaire en Irlande. La réclamation était plus que juste : nous devons dire qu’elle fut accueillie sans trop de difficulté. Pitt, cette fois, n’hésita pas à mettre le poids du gouvernement dans la balance. Un bill fut présenté au parlement