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le silence. D’ailleurs, malgré ses démonstrations de dévoûment, l’assemblée, qui avait voté un don gratuit de 12 millions, pouvait, dans son dépit de ne point obtenir justice, faire difficulté de payer ce subside. Louis XV voulut donc prendre ses sûretés, et avant d’avoir rien décidé sur les arrêts des parlemens, le 17 septembre 1765, il, envoya à l’assemblée ses commissaires, MM. Trudaine, d’Ormesson et de Laverdy, pour l’invitera s’occuper du renouvellement du contrat de l’Hôtel de Ville et du département des 12 millions. La compagnie, qui n’avait d’espoir qu’en Louis XV, eut bien garde de s’en aliéner la bienveillance en lui refusant le subside dont il avait besoin. La question d’argent était en ce moment pour le clergé la moindre affaire ; c’était de la défense de l’église qu’il était avant tout préoccupé ; les députés préparaient la rédaction de divers mémoires sur les points les plus importons touchant aux conflits entre l’autorité judiciaire et l’autorité ecclésiastique, notamment sur les jésuites, dont l’assemblée désapprouvait l’expulsion ; ils demandaient que ceux-ci fussent rétablis dans leurs droits et qu’il fût permis aux évêques de les employer aux fonctions du saint ministère sans qu’ils eussent rien à craindre des tribunaux séculiers ; ils sollicitaient le rappel de l’exil des prêtres décrétés. Le ministère Choiseul ne se souciait pas de laisser se prolonger une session qui menaçait de créer de nouveaux embarras à la couronne ; d’ailleurs on était au commencement d’octobre, les évêques se trouvaient depuis plus de cinq mois absens de leurs diocèses. On s’appuya sur cette considération pour proroger l’assemblée, clore la session et en assigner une seconde pour le 2 mai de l’année suivante. Le clergé accepta la prorogation. Il fallait aux commissaires nommés pour la rédaction des mémoires plusieurs semaines de travail et d’études. On comptait profiter de ce délai pour convaincre le roi et l’amener enfin à casser les arrêts des parlemens. Les députés se trouvèrent réunis à Paris au jour dit. Ils étaient plus résolus que jamais à défendre les droits de l’église forts de l’unanimité qui s’était manifestée dans l’épiscopat. Ils adressèrent au roi les mémoires où étaient développées les doléances qu’ils avaient fait entendre l’année précédente. Dans l’audience qu’il accorda sur leur demande aux archevêques de Reims, d’Arles et de Tours, chargés de représenter la compagnie, Louis XV annonça qu’il avait voulu donner satisfaction aux réclamations du clergé et que son conseil avait rendu deux arrêts destinés à mettre un terme au débat provoqué par la publication des actes de 1765. L’un de ces arrêts imposait un silence absolu et provisoire sur toutes les disputes concernant les droits de la puissance ecclésiastique et de la puissance temporelle ; l’autre supprimait le réquisitoire de l’avocat général de Castillon. Le roi