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avait été de même pour un voyage en Orient, projeté pendant bien des années, et qu’il avait pu faire enfin à l’automne de 1871. Cette course rapide d’un peu plus de trois mois l’avait conduit à Constantinople, en Troade, à Ephèse, à Athènes, et lui avait donné les joies les plus vives ; elle avait été racontée par lui dans un récit où il ne s’est pas contenté de nous faire part de ses impressions de touriste ; il y traite, à la suite de réflexions et de lectures approfondies, plusieurs questions importantes d’histoire et d’art qui s’étaient posées devant lui pendant le cours de son pèlerinage[1]. Il assistait volontiers à ces congrès de savans qui sont si fréquens en Allemagne ; il y apportait toujours quelque communication intéressante sur les antiquités de la ville où l’on se réunissait ou sur un monument de quelque collection bien connue de la plupart de ses auditeurs. La liste serait longue de tous les mémoires qu’il a ainsi semés dans les recueils allemands, depuis le jour où il avait pris rang dans la science par sa belle étude sur le mythe de Niobé et sur les monumens figurés qui nous en ont conservé le souvenir[2].

Depuis qu’il avait commencé de rédiger et de publier le grand ouvrage auquel il songeait depuis près de trente ans, il ne se serait plus permis de distractions qui dussent l’arracher longtemps à son travail ; il concentrait de plus en plus ses efforts sur une entreprise dont il ne mesurait pas sans effroi la longueur et les difficultés. Le seul repos qu’il s’accordât, c’était, chaque automne, un séjour de quelques semaines dans les montagnes de la Forêt-Noire ou du Tyrol ; il en revenait toujours, m’écrivait-il, rafraîchi et comme rajeuni de quelques années. L’an dernier, il m’avait amicalement sommé de tenir une promesse déjà bien ancienne, et il m’avait donné rendez-vous à Heidelberg pour la fin de septembre, à son retour des lacs bavarois : il se faisait un plaisir de me promener, par les limpides journées d’automne qui vont si bien à nos paysages tempérés, dans son aimable vallée du Neckar ; il tenait à me montrer les vases, les empreintes, les moulages qu’il avait su rassembler en vue de son enseignement. Dans toutes les universités allemandes, sauf trois ou quatre, le professeur d’archéologie dispose aujourd’hui d’une galerie de plâtres qui s’enrichit chaque année et qui se tient au courant[3]. Il a son cabinet comme le professeur

  1. Nach dem Griechischen Orient, Reise-studien, avec une carte et une planche photographique, in-8o ; Heidelberg, 1874.
  2. Niobe und die Niobiden, in ihrer literarisclien, künstlerischen und mythologischen Bedeutung, avec vingt planches, gr. in-8o, 1863. On trouvera une liste à peu près complète des principaux travaux de Stark dans une intéressante notice que lui a consacrée le professeur Frommel sous ce titre : Karl Bernhard Stark, ein Ueberblick seines Lebens und Wirkens (dans le Jahresbericht de Bursian, 1880).
  3. Il n’y avait en 1873, de toutes les universités allemandes, qu’Erlangen, Giessen, Marbourg, Munster et Rostock qui fassent encore dépourvues d’une collection archéologique destinée au service de l’enseignement. Des universités de second ordre, comme Breslau et Wurzbourg, ont aujourd’hui des cabinets des plus importans. Nous ne parlerons ni de Bonn, dont le musée académique est célèbre, ni de Goettingue, ni de Munich ; mais nous signalerons ce fait qu’une simple école supérieure, comme Schulpforte, possède une galerie de plâtres, accompagnée d’un excellent catalogue dû à la plume d’un savant aussi compétent que M. Otto Benndorf. Pour plus de détails, on pourra consulter un travail publié en 1873 par B. Stark, sur l’Art et l’enseignement de l’art dans les universités allemandes.