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qui la proposait. Les suites de l’amnistie, d’un côté, les conséquences des décrets du 29 mars, d’un autre côté, c’est là qu’en est le gouvernement ; c’est là ce qui l’attend encore au lendemain des fêtes, des arcs de triomphe et des illuminations, dans cette période de trêve parlementaire qui va s’ouvrir.

Le monde européen, sans être gravement troublé, sans être du moins engagé dans une de ces crises aiguës où éclate le conflit de toutes les politiques, ne laisse pas d’avoir ses complications laborieuses, ses problèmes obscurs et ses incidens. Il est partagé entre cette éternelle obsession des affaires d’Orient ou de ce qui reste des affaires d’Orient, des conséquences de la dernière guerre, et les questions religieuses qui s’agitent dans plus d’un pays, qui prennent une importance croissante un peu partout.

Pour le moment, la question la plus sérieuse dans l’ordre général, dans l’ordre européen, est celle qui vient d’être soumise à une conférence nouvelle récemment réunie pour se prononcer sur un des points les plus difficiles, les plus délicats de la paix de Berlin. Des conférences spéciales, des commissions mixtes, à dire vrai, il y en a partout depuis deux ans, à Constantinople, sur le Danube. Il y a des commissions pour la réorganisation des provinces qui restent au sultan, pour la Roumélie, pour l’Arménie, pour la délimitation de ce malheureux empire ottoman avec le Monténégro, avec la Grèce. Les commissions consultantes sont en permanence sans arriver jusqu’ici, il faut l’avouer, à des résultats bien décisifs pour la pacification de cet Orient troublé, pour la reconstitution d’un ordre à peu près viable ou régulier dans cet empire démembré. La dernière conférence réunie à Berlin avait particulièrement pour mission et pour objet de trancher par l’autorité d’une médiation européenne la question des frontières helléniques, qui avait été indiquée plutôt que résolue dans un des protocoles du congrès. Elle avait été rendue nécessaire par l’impossibilité d’une entente directe entre Turcs et Hellènes ; elle a été préparée depuis quelques mois par des négociations souvent assez laborieuses des cabinets qui ont fini par se mettre d’accord pour interposer un arbitrage collectif. La réunion de la conférence enfin a coïncidé avec le récent voyage en Europe du roi George de Grèce, qui n’a certainement fait sa visite aux gouvernemens de l’Occident que pour avoir l’occasion de plaider-lui-même la cause de l’extension de son jeune royaume. Aujourd’hui l’œuvre de la diplomatie, du moins la première partie de l’œuvre, est accomplie. La conférence de Berlin a délibéré pendant-quelques jours et elle a pris des résolutions Aidée d’une commission technique, procédant cette fois la carte à la main, elle paraît avoir fait don à la Grèce d’un territoire de 20,000 kilomètres carrés et d’une population de quatre cent mille âmes de plus. Elle a fixé pour le royaume hellénique une frontière qui irait