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le 8 août 1827, quatre mois après que George IV lui avait confié la tâche de former un cabinet.

Il est inutile de parler de son successeur, Robinson, créé lord Goderich depuis quelques mois, et que, faute de mieux, le roi appela aux affaires. Robinson avait été un chancelier de l’échiquier convenable ; appelé au premier rang, il ne put s’y soutenir pendant une session. George IV n’avait plus qu’un nom à mettre en avant, celui de Wellington, qui, par une attitude sage et une conduite mesurée, ne s’était aliéné jusqu’alors aucune sympathie. Le duc avait trop de bon sens au surplus pour rêver un retour aux vieilles doctrines du torysme. Le roi lui permettait de laisser l’émancipation des catholiques à l’état de question ouverte, il lui laissait toute latitude pour le choix de ses coopérateurs pourvu que le lord-chancelier d’Angleterre, le lord-lieutenant et le lord-chancelier d’Irlande fussent tous trois protestans, ce qui s’entend en ce sens qu’ils devaient être partisans des privilèges de l’église anglicane. Peel s’unit volontiers à Wellington, ainsi que Huskisson, dont l’adhésion parut cependant être une sorte de désertion. En somme, le nouveau cabinet représentait une opinion moyenne, exposée de droite et de gauche à de violentes attaques, mais bien assise grâce aux hommes distingués qui en faisaient partie.

Cette administration n’eut pourtant qu’une courte durée parce que le désaccord entre les membres qui la composaient s’accentuait sur chaque motion. Quelqu’un proposait-il à la chambre des communes d’abolir l’acte du test (le serment qui constatait que le titulaire d’un emploi public n’était ni catholique, ni juif, ni dissident), Huskisson et Palmerston votaient pour, Peel votait contre. Pour les corn laws, qui règlent les droits de douane à l’entrée des céréales, Wellington était d’un autre avis que Peel et Huskisson. Les jours du cabinet s’écoulaient en compromis d’une nature si grave que les ministres ne pouvaient continuer longtemps de vivre ensemble. Enfin, au bout de six mois, tous ceux qui s’étaient attachés à la fortune de Canning se retirèrent d’un commun accord, afin de laisser la place à de purs tories. Le parti réactionnaire s’en réjouit d’autant plus que, depuis vingt ans pour le moins, l’influence de ce qui s’appelait les saines doctrines avait toujours été contres-balancée par la présence de ministres plus ou moins libéraux. Wellington, Peel et Lyndhurst, qui restaient les maîtres incontestés, plus puissans que le roi lui-même, avaient donné tous les gages que les défenseurs de l’église anglicane pouvaient désirer. Ce fut cependant par ce cabinet que se réalisa tout d’abord la réforme la plus importante.

L’Irlande était toujours agitée. L’association catholique, victorieuse des poursuites que l’on avait dirigées contre elle,