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foreign office, il est utile de résumer brièvement la politique financière du gouvernement depuis que la guerre était finie. Les budgets des premières années de paix s’étaient tous soldés en déficit parce que le chancelier de l’échiquier, Vansittart, s’obstinait à maintenir en vigueur la caisse d’amortissement. Il empruntait chaque année à peu près la somme entière qu’il employait à racheter les rentes anciennes ; chaque nouvel emprunt ayant sa quote-part d’amortissement, cette opération fictive alourdissait de plus en plus le budget ; Une autre question préoccupait beaucoup les financiers. Les billets de la banque d’Angleterre jouissaient du cours forcé depuis longtemps. Prorogée plusieurs fois pendant la durée de la guerre, cette mesure avait enfin été votée pour une durée indéfinie, sous la seule condition que le remboursement des billets en espèces métalliques ne serait obligatoire que six mois après la conclusion de la paix. Les premières années qui suivirent 1815 furent si calamiteuses que l’on craignit, avec raison sans doute, d’exposer la banque à un désastre. Le cours forcé subsistait encore en 1819. Vansittart soutenait qu’il était impossible, d’y renoncer. Cependant l’opinion publique se prononçait avec tant d’énergie pour la reprise des paiemens en espèce que les deux chambres nommèrent des commissions pour l’étude de cette question et que le chancelier de l’échiquier dut se montrer prêt à suivre l’avis qui dominerait dans le parlement. La commission de la chambre des communes avait pour président. Robert Peel, jeune alors et d’autant mieux accueilli qu’il avait pris soin, tout en donnant des preuves d’une incontestable capacité, de réserver son opinion sur toutes les grandes questions du jour. La loi que cette commission prépara et fit voter stipulait que la banque rembourserait peu à peu ses billets et que le cours forcé cesserait tout à fait à quatre ans de délai. La loi était sage, car la banque put devancer ce délai de moitié. La réputation de Peel s’en accrut, en même temps que diminuait l’influence de Vansittart, qui avait retardé cette mesure autant qu’il dépendait de lui.

Il suffit de citer des chiffres pour montrer à quel point l’amortissement pesait sur le budget. L’excédent vrai des recettes était, en 1819, de 2 millions de livres sterling en nombres ronds. Mais l’amortissement normal étant de 15 millions 1/2, le déficit apparent s’élevait à 13 millions 1/2. Ce n’est pas tout ; comme la dette flottante s’était accrue au point qu’il paraissait nécessaire d’en consolider une portion, Vansittart avait convaincu ses collègues qu’il était indispensable de faire un emprunt de 24 millions, dont moitié serait fournie par la caisse d’amortissement elle-même. Ainsi, en pleine paix, avec un excédent de recettes fort régulier, le