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LE SALON DE 1880

I.
LA PEINTURE D’HISTOIRE ET LE PORTRAIT.

Les arts tiennent une place importante dans la vie de notre époque, et le public ne se lasse point de s’intéresser à toutes leurs manifestations. C’est désormais une occupation presque suffisante pour les gens de loisir, quand ils ont quelque culture, de se tenir au courant de cette production incessante et d’en suivre le mouvement. Entre la représentation de la veille et le concert du lendemain, il y a toujours quelque exposition ouverte ou quelque vente annoncée pour défrayer les journées de notre société élégante et polie. Les occasions se multiplient; à aucune la sympathie ou la curiosité ne fait défaut. Jamais, croyons-nous, en aucun pays, à aucun moment de l’histoire, le nombre de ceux qui cultivent les arts ou qui les aiment n’a été aussi élevé que chez nous et de notre temps. En dépit des abstentions systématiques ou involontaires, le Salon reste, pour les arts du dessin, la représentation la plus complète de l’activité artistique. On peut citer quelques œuvres qui lui échappent; mais la plupart ont été faites pour lui, et beaucoup de celles qui ont déjà une destination doivent lui demander une consécration. C’est une fête, dit-on, mais la fête commence à ressembler fort à une cohue.

Plus d’une fois, en présence d’un tel débordement, on a cherché à contenir, à endiguer ce courant. On semble y avoir renoncé cette année, et le nombre des objets exposés, déjà fort respectable aux Salons précédens, a été singulièrement dépassé cette fois ; il atteint le chiffre de 7,289 ouvrages. On a beaucoup discuté à ce propos, et l’administration des Beaux-Arts, mise assez maladroitement en cause, a cru devoir, plus maladroitement encore et du haut de la