L’obscurité dans laquelle se déroule pendant bien des siècles la vie de notre vieille mère la Gaule n’est interrompue que par quelques faits éclatans qui mêlent ses destinées à l’histoire générale. L’un des plus célèbres et des plus curieux est le passage d’Hannibal à travers son territoire méridional dans des conditions qui firent de cette entreprise hardie un des succès les plus chèrement achetés, mais aussi les plus merveilleux de l’antiquité. Les Romains eux-mêmes, bien que plus disposés à maudire Hannibal qu’à célébrer ses prouesses, ne purent s’empêcher de rendre hommage à sa victoire sur les élémens et les hommes coalisés. Plus tard, la Gaule et les Alpes virent passer bien d’autres armées, et jusqu’à la fin du dernier siècle, ce fut toujours une tâche ardue que de faire franchir à une armée portant avec elle tout son matériel les cols abrupts qui nous séparent de l’Italie. Auparavant, des bandes de Gaulois, saisis de la fièvre des conquêtes, avaient su les traverser et tomber comme une avalanche sur les fertiles contrées de la Circumpadane. Mais l’expédition d’Hannibal eut toujours la place d’honneur. Ce n’étaient pas en effet des hordes à