ceux qui sont affectés aux fonctions internes. Et cependant c’est ce que les faits démontrent. L’état des viscères modifie profondément le mode des passions; et réciproquement les passions, dans leurs effets organiques, affectent en particulier les viscères. D’une part, on remarque que l’individu dont l’appareil pulmonaire est très prononcé et dont le système circulatoire jouit de beaucoup d’énergie, en un mot que l’homme à tempérament sanguin, a dans les passions une impétuosité qui le porte à la colère; le tempérament bilieux prédisposerait à l’envie et à la haine ; le tempérament lymphatique à la paresse et à la mollesse. De même, dans l’état de maladie, les affections du foie, de l’estomac, de la rate, des intestins et du cœur déterminent une foule de passions diverses.
Mêmes conséquences pour les effets des passions. Elles produisent toujours quelques changemens dans la vie organique. La colère accélère la circulation; la joie également, mais avec plus de modération, La crainte agit en sens inverse. Ces affections peuvent produire des syncopes qui vont jusqu’à la mort ou qui laissent après elles des lésions organiques ; la respiration est également altérée : oppressions, étouffemens, sanglots, paroles saccadées ; de même encore pour la digestion : vomissemens spasmodiques, interruption des fonctions ; les sécrétions sont soumises à la même loi : la frayeur donne la jaunisse. Les fonctions assimilatrices ne sont pas moins troublées par les passions : le bonheur nourrit; le chagrin dévore. Ces locutions consacrées, sécher d’encre, être rongé de remords, être consumé par la tristesse, n’indiquent-elles pas combien les passions modifient le système nutritif? L’expression des passions est encore une preuve de la même loi : si nous voulons indiquer nos pensées, la main se porte involontairement à la tête; voulons-nous exprimer l’amour, la joie, la tristesse, la haine, c’est sur la région du cœur qu’elle se dirige. On dit une tête forte, et un cœur sensible; on dit que la fureur circule dans les veines, que la joie fait tressaillir les entrailles, que la jalousie distille son poison dans le cœur. Les passions violentes impriment au lait de la nourrice un caractère nuisible qui peut produire des maladies chez l’enfant.
Cependant, on ne peut nier l’action des passions sur les organes de la vie animale ; mais elle ne s’exerce que par sympathie et par l’intermédiaire du cœur. Le cœur agit sur le cerveau, qui donne naissance à des spasmes et à des mouvemens involontaires. Dans ce cas, le cerveau n’est que passif, au lieu qu’il est actif dans les mouvemens volontaires. Mais le cerveau reprend bientôt son empire et remplace les mouvemens spasmodiques par les mouvemens habibituels. Un homme reçoit une lettre qui l’émeut : son front se ride, il pâlit, ses traits s’animent; ce sont des phénomènes sympathiques