de Bernhardt Becker. Elle provoqua à différentes reprises des meetings auxquels assistaient des milliers d’ouvriers pour réclamer le suffrage universel. Son organe était l’Arbeiter-Blatt. En janvier 1869, le nombre des adhérens était au moins de vingt mille, dont dix mille pour Vienne seulement. En février de cette même année, la grande association des ouvriers tchèques adhéra et étendit ses ramifications à Prague. Le 30 mai, les socialistes convoquèrent un grand rassemblement auquel prirent part plus de trente mille personnes. Le 13 décembre, jour de l’ouverture du parlement, plus de cent mille ouvriers se groupèrent devant le palais où il était réuni, et onze délégués furent admis à présenter une pétition au président du conseil, le comte Taaffe. On prit peur. Des poursuites furent ordonnées et quelques condamnations prononcées. La police ne laissa plus de trêve aux journaux et aux associations socialistes. Les deux feuilles principales, Gleichheit et Volkswille, fréquemment saisies et suspendues, durent cesser de paraître. En Hongrie, où la liberté est plus grande, un comité de propagande se constitua et un journal, l’Allgemeine Arbeiter Zeitung, fut publié en allemand et en magyar. En juin 1871, une grande démonstration eut lieu en l’honneur de la commune. Les ouvriers, suspendant le travail, formèrent de longues colonnes qui parcoururent les rues de Pesth, en portant des crêpes et des drapeaux noirs. Il s’ensuivit un procès de haute trahison. Le principal meneur, Sigmund Polliker, fut condamné à six mois de prison. Néanmoins la propagande socialiste pénétra dans toutes les villes de l’empire. Chose rare, elle parut même un moment envahir les campagnes ; des sociétés socialistes de paysans se formèrent dans les villages de la Karinthie sous le nom de Freie Bauernvereine. Elles eurent un organe, der Bauernwille, rédigé par le fils d’un cultivateur, Karl Achar. Mais les animositéset les accusations réciproques des deux principaux chefs du socialisme, Oberwinder et Scheu, arrêtèrent ses progrès. Les idées répandues par l’Internationale comptent encore un nombre considérable de partisans parmi les ouvriers des diverses provinces de l’Autriche-Hongrie, seulement dans ces derniers temps leur attitude est devenue moins révolutionnaire. L’agitation des nationalités, toujours si ardente, vient faire diversion.
Ce que l’on appelle le mouvement ouvrier est très actif en Italie. Quand je visitai ce pays, l’an dernier, je trouvai dans les villes un grand nombre de sociétés ouvrières : banques populaires sous la direction du Schulze-Delitsch italien, l’éminent député Luzzatti, sociétés de secours mutuels souvent sous le patronage de quelque grand nom, comme Pepoli à Bologne et Teano à Rome, sociétés coopératives, sociétés d’études sociales, associations de métier et Trade-Unions,