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tellement minime et que l’on consomme en si grande quantité, que la question de transport domine pour elle toutes les autres. On l’a dit souvent et on ne saurait trop le répéter : le transport fait le prix de la houille. Le marché du combustible est donc circonscrit par les besoins de la consommation d’une certaine zone au-delà de laquelle les frais de transport augmentent le prix de vente dans des proportions telles qu’on est obligé, ou de laisser enfoui dans le sol l’excédent des richesses inexploitées, ou d’utiliser cet excédent en l’exportant par le port le plus voisin, a Si la France, peut-on lire dans l’enquête qui a été faite sur la question des houilles il y a près de dix ans, ne possédait qu’un seul et vaste bassin houiller, situé à quelques kilomètres de la Méditerranée et produisant les 20 millions de tonnes nécessaires à la consommation du pays tout entier, alors même que le prix de revient sur le carreau des mines serait très faible et que les tarifs des transports sur l’intérieur seraient réduits à leur extrême minimum, ce bassin ne pourrait fournir aux besoins de nos départemens de l’ouest, du nord et de l’est et faire concurrence aux houilles anglaises, belges et allemandes. Son rôle serait tout différent, et, après avoir alimenté la consommation d’un certain rayon normal kilométrique, il devrait exporter le surplus par un des ports les plus rapprochés des houillères. Ce port deviendrait alors le Newcastle de la France. « Or on sait que le bassin de Newcastle ne produit pas moins de 22 millions de tonnes de houille et qu’elles sont presque toutes destinées à l’exportation.

Cette question des houilles a été plusieurs fois l’objet des études les plus sérieuses, et en 1866 une importante mission fut confiée à M. le comte de Ruolz, inspecteur général des chemins de fer, afin de coordonner tous les faits relatifs à la production, au mouvement commercial et à l’exportation des charbons en France et surtout en Angleterre. C’est en effet dans la Grande-Bretagne qu’il faut aller pour trouver réunies les plus magnifiques conditions de développement et d’expansion du combustible minéral.

Tandis qu’en France les bassins houillers les mieux placés pour l’exportation se trouvent en général à une distance de 100 à 200 kilomètres de la mer, les principaux bassins exportateurs anglais, ceux de la Tyne, du nord et du sud du pays de Galles, de la Clyde, de l’Ayrshire, du Fifeshire et du Lothian, confinent à la mer, et leurs produits peuvent être conduits directement aux navires en cheminant au sein même des exploitations charbonnières. Les moins favorisés, ceux de Lancashire, ne sont qu’à 30 kilomètres du port; et pour racheter cette infériorité relative, qui serait considérée chez nous comme une condition excellente et bien supérieure à tout ce que nous possédons, on y voit des exploitations