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SCHOPENHAUER
ET
LA PHYSIOLOGIE FRANÇAISE

CABANIS ET BICHAT.

Schopenhauer écrivait, en 1852, à son ami Frauenstädt: « Il y a un certain V... qui se permet de traiter de superficiels les immortels écrits de Bichat, et sur ce jugement on se croit dispensé de la lecture de Bichat et de Cabanis... Bichat n’a vécu que trente ans et toute l’Europe lettrée honore son nom et lit ses écrits... Sans doute, depuis lui, la physiologie a fait des progrès, mais non de manière à faire oublier Cabanis et Bichat... Je vous en prie, n’écrivez rien sur la physiologie dans son rapport à la psychologie sans avoir pris le suc et le sang de Cabanis et de Bichat. »

On voit par ces mots quelle haute idée Schopenhauer se faisait des deux médecins philosophes qui ont illustré le commencement de notre siècle. Ce n’est pas seulement dans une lettre, et comme en passant, que Schopenhauer a porté un tel jugement : c’est aussi dans ses écrits philosophiques qu’il a, non-seulement rendu honneur à ces deux penseurs, mais encore expressément reconnu la part qu’ils ont eue à la formation de sa propre philosophie. Dans les Éclaircissemens (plus intéressans peut-être que le livre lui-même),