Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 38.djvu/852

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

composent l’ensemble : la première travée est sérieusement menacée à son angle méridional; le premier ordre de colonnes, hors d’aplomb désormais, manque par la base et entraîne dans sa chute l’ordre supérieur; le revêtement de marbre, détaché du mur, laisse voir la brique, effritée, qui tombe en poussière : on a dû soutenir avec des charpentes cette partie de l’édifice.

A l’étage supérieur correspondant, l’arc a perdu cette belle ornementation de feuillages rampans d’où sortent à mi-corps les statues des saints; la statue qui trônait à son sommet n’existe plus, et la belle frise richement colorée de rinceaux mosaïques qui recouvraient l’épaisseur de l’arc est tombée sur le sol de la galerie. Le pinacolo qui sépare ce premier arc supérieur du second, abritant son évangéliste sous son dais de pierre sculpté comme une dentelle, est aussi très sérieusement menacé, et la préfecture de Venise a dû, par force majeure, faire poser des étais et des jambages destinés à retenir les colonnes chancelâmes.

La grande verrière au centre qui porte la lumière dans la nef de la basilique a été remplacée il y a quelques années, et il ne paraît pas que les autres parties jusqu’à l’angle nord nécessitent de réparations. Mais à ce même angle, vers l’horloge, l’avant-corps destiné à porter la galerie qui se retourne sur San Basso, malgré les chaînages faits à une époque contemporaine de Bellini, est hors d’aplomb par suite de tassemens inégaux du sol; et elle entraîne naturellement la galerie et l’angle supérieur. Sur ce point, le dommage est sérieux et le danger imminent ; le spectateur attentif ne reste même pas sans inquiétude sur l’avenir de cette partie de l’édifice, mais il n’y a danger que pour le revêtement, car la construction elle-même a été consolidée lors de la restauration de la façade sur San Besso.

Voilà pour l’extérieur; il sera indispensable sur ce point de pourvoir et de le faire immédiatement, avec toute la discrétion sans doute que comporte un tel travail, mais aussi avec énergie et rapidité. Le lecteur entrera avec nous dans la basilique pour aborder cette question, sur laquelle on a beaucoup insisté, de la restauration du parimento et des belles mosaïques qui font de Saint-Marc un véritable reliquaire.


IV.

Dirigeons-nous par l’atrium, dans la chapelle du cardinal Zen. C’est un sanctuaire d’art; l’enceinte est carrée, sa face ouest correspond au premier arc de la façade principale, sa face sud s’éclaire par la Piazzetta, et la face à l’est donne accès dans le baptistère. Le corps de l’édifice est du XIIe siècle, il est voûté en berceaux.