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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars 1880.

Il est assez d’usage, et ce n’est pas ce qu’il y a de plus édifiant pour le régime parlementaire, il est d’usage surtout depuis quelques années que les sessions soient des périodes agitées ou agitatrices, toujours considérées avec une certaine inquiétude, et que les vacances au contraire soient comme une détente favorable, comme une trêve bien venue pour le pays. En d’autres termes, quand les chambres arrivent, on commence à s’inquiéter, on s’attend à de l’imprévu ; quand elles s’en vont, on commence à respirer. Cette session d’hiver, qui vient d’être interrompue il y a quelques jours, n’a point, malheureusement, dérogé à l’usage. Elle a été remplie pendant trois mois par toute sorte de discussions ou d’interpellations vaines, au milieu desquelles la seule question sérieuse, intéressante pour le pays, la question du régime commercial, a presque disparu; elle s’est ouverte sous l’influence d’une crise ministérielle à peine dénouée, elle a continué par des débats importuns sur l’amnistie, elle a fini par la discussion plus passionnée et plus irritante encore sur l’article 7. Cette session, elle n’aura pas différé pour le bruit inutile et les turbulences de parti de toutes les sessions qui se sont succédé depuis quelques années; mais cette fois, après les irritans débats, c’est le repos des vacances qui aura manqué. Le parlement, avant de se séparer, a tenu à laisser au gouvernement la désobligeante et cruelle mission de rompre la trêve, d’agiter le pays par une de ces mesures d’état dont il n’est jamais facile de calculer les suites, et ici, qu’on le remarque bien, tout est étrange. Dès le premier moment, on se trouve en présence d’une véritable anomalie, de la plus singulière interprétation du régime parlementaire.

Que s’est-il passé en effet? La chambre des députés, dans son indépendance, a voté une loi sur l’enseignement supérieur où M. le ministre de l’instruction publique a cru devoir introduire, par incidence, la proscription