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relations avec des banques disséminées sur tous les continens, donnent aux affaires de banque en Angleterre un caractère particulier. Pour gérer, pour connaître, pour contrôler des affaires si importantes et si diverses, il faut des hommes d’élite et un personnel de choix, qui doivent se tenir au courant du mouvement économique, financier, politique de tous les états et de presque tous les peuples. C’est ce qui explique la fondation d’établissemens spéciaux pour les études de banque. Il y a quelques années, un institut pour la banque a été fondé à Edimbourg. Cet institut a ouvert des conférences, organisé des concours, des examens; il délivre des diplômes da capacité aux commis qui se préparent à entrer dans la banque.

Londres a l’année dernière suivi l’exemple d’Édimbourg. Dix-sept cents banquiers, présidés par l’honorable M. Lubbock, private-bunker, ont fondé un institut central qui a aussi l’intention d’avoir des conférences, des concours, des examens. Dans la séance d’inauguration, à laquelle assistait le gouverneur de la banque d’Angleterre, M. Lubbock a lu un mémoire très curieux sur l’histoire de la banque et de la monnaie dans l’Assyrie, en Égypte et en Chine. M. Lubbock est en effet un savant de premier ordre. C’est l’auteur d’un ouvrage remarquable sur les origines de la civilisation. C’est le digne successeur, dans la banque comme dans l’histoire, de l’illustre Grote. Dans la seconde séance, M. Palgrave a donné connaissance d’un travail comparatif sur la banque d’Angleterre, la banque de France et la banque de l’empire d’Allemagne. Ce travail a été discuté par plusieurs des chefs des premières banques d’Angleterre.

A tous les points de vue, les banques anglaises forment donc l’un des instrumens les plus puissans, les plus complets et les plus curieux à connaître du développement historique et économique du peuple anglais. Elles resteront l’un des traits de sa physionomie historique comme l’un des agens les plus remarquables de son action civilisatrice.

D’autre part, ces grands instrumens de la circulation du capital permettent d’en faciliter l’accumulation, d’en suivre les mouvemens et d’en reconnaître la part si considérable dans la production. Aidé du travail de l’homme, qu’il sert à la fois à rendre plus fructueux et moins pénible, c’est grâce à son concours, ménagé, préparé, assuré par les grandes banques, que tout se transforme autour de nous et que s’accomplissent les œuvres grandioses de notre temps.


E. FOURNIER DE FLAIX.