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à des mandataires plus actifs ou plus capables, sont une quatrième cause qui a présidé à la constitution de banques.

Plus tard, l’extension de la circulation monétaire, l’invention de la circulation fiduciaire, les progrès sous diverses formes de l’esprit d’association sont venus encore imprimer une nouvelle impulsion à la fondation et surtout au développement des banques.

Il est facile de discerner et de montrer l’action de ces diverses causes dans l’histoire des banques anglaises.

Ainsi, en ce qui est du choix, de l’essai, de la fabrication, de l’échange des monnaies, la puissante corporation des orfèvres de Londres, qui remonte par ses origines les plus lointaines au XIIe siècle et jusqu’aux guildes germaniques, réussit, après bien des luttes avec les rois d’Angleterre, à en acquérir et à en conserver à peu près le monopole. C’est aux orfèvres, en partie, que l’Angleterre doit d’avoir possédé, dès la fin du XVIe siècle, une excellente monnaie d’or.

La manipulation des monnaies les conduisit à faire la banque. Les orfèvres s’étaient établis à Londres dans l’ancien quartier des Lombards. Ils étaient habitués à recevoir les lingots, les objets précieux en dépôt; leurs maisons présentaient les conditions de sécurité matérielle nécessaires pour l’époque. Toutefois ce fut surtout un incident politique qui transforma en banques leurs boutiques. En 1640, Charles Ier, à bout de ressources, saisit les fonds que les marchands de Londres avaient l’habitude de déposer à la Tour de Londres. Cette habitude datait de loin. Elle provenait des rapports que les marchands et les corporations de la cité entretenaient avec la cour de l’échiquier, administration financière et judiciaire spéciale à l’Angleterre et remontant aux institutions de Guillaume le Conquérant. Cette saisie fit perdre à la cour de l’échiquier la clientèle des marchands. La corporation des orfèvres, déjà riche et puissante, en hérita. Elle reçut les dépôts des marchands; elle leur délivra des reçus transmissibles. Ce sont ces reçus qui sont les précurseurs des banknotes. Les dépôts servirent à faire des avances. Dès lors les orfèvres firent la banque. Ils eurent de bonne heure à faire face, comme les banquiers de notre siècle, à de véritables runs ou courses en remboursement. Ils s’en tirèrent à leur honneur.

Après les monnaies et les dépôts viennent les emprunts d’état. Aucun gouvernement, dans le cours de sa longue carrière, n’a plus emprunté que le gouvernement anglais. La cour de l’échiquier, les lombards, les banquiers juifs, les grandes compagnies de marchands, telles que les merchants adventurers, les merchants of steel yard furent tour à tour utilisés par les rois pour se procurer