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à la magnésie, opération délicate assez analogue aux réactions qui accompagnent l’affinage de la fonte. D’autre part, les roches serpentineuses et la Iherzolite des Pyrénées, qui sont surtout un mélange de silicates magnésiens, fondues avec un excès de silice ou en présence d’un agent de réduction, imitent les résultats de la fusion des météorites, aussi bien pour la forme anguleuse ou la structure globulaire des grenailles métalliques que pour la composition de la gangue silicatée.

Comparée à l’observation des phénomènes terrestres, cette expérimentation offre des résultats d’une extrême importance par les enseignemens qu’ils nous apportent sur la constitution interne du globe. Le péridot, par exemple, cet élément si constant dans les météorites de tous les types, manque absolument dans les terrains stratifiés et dans les roches granitiques. Il se rencontre au contraire habituellement dans les basaltes et les laves qui proviennent des parties profondes de la terre et que l’activité interne pousse à travers le revêtement de granité, de gneiss et de sédimens. Resté longtemps inaperçu, le péridot est aujourd’hui signalé un peu partout, dans maint produit d’éruption, dans la roche d’Elfdalen (Suède), dans les dolérites de Montarville (Canada), dans la Iherzolite des Pyrénées, du Tyrol ou de la Nouvelle-Zélande, et s’il n’est pas encore plus abondant, c’est qu’assurément en parcourant sur plusieurs kilomètres d’épaisseur les roches plus acides de la croûte du globe, il leur a emprunté de la silice pour arriver au jour sous forme de pyroxène ou d’amphibole. Les roches serpentineuses elles-mêmes reproduisent par la fusion un péridot, et semblent ainsi dériver de la Iherzolite par une hydratation qui rappelle la conversion du feldspath en kaolin. A une certaine profondeur au-dessous de la surface de l’écorce terrestre, aussi bien que dans les météorites dont elles ont la forte densité, les roches péridotiques jouent donc un rôle prépondérant, et ce double fait est en harmonie avec la présence du magnésium que l’analyse spectrale nous décèle dans le soleil et dans un grand nombre d’étoiles. Il était permis de croire d’ailleurs que l’analogie ne s’arrêtait pas à ce premier terme. Aux masses serpentineuses ou péridotiques doivent succéder, dans la profondeur, d’abord des roches dans lesquelles le métal commence à s’isoler, puis un noyau de fer nickelé, par une progression parallèle à celle qui des météorites pierreuses conduit jusqu’aux fers presque purs. Cette conception était autorisée en outre par la forte densité moyenne de la terre, comparée à celle des élémens de la surface, par l’ensemble des phénomènes du magnétisme terrestre que la théorie d’Ampère paraît impuissante à expliquer, et aussi par divers indices géologiques. Ainsi le