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retrouvées dans les sédimens qui, déposés jadis sur le fond des mers, sont aujourd’hui les assises de nos continens. Toutes celles que l’on connaît peuvent être classées en quatre divisions suivant que le fer, toujours joint au nickel, au chrome, à quelques sulfures, en constitue la masse entière, ou forme seulement une sorte d’éponge métallique contenant des parties pierreuses, ou se réduit même à des grains disséminés et des poussières cachées dans une gangue de silicates à texture globulaire, ou enfin apparaît à peine dans une pâte hydratée mélangée de matières charbonneuses et volatiles. Mais les météorites sont encore plus curieuses par leur aspect physique que par leur composition chimique. Leur forme fragmentaire est des mieux accusées, et les morceaux anguleux, à peine émoussés sur les arêtes, peuvent même quelquefois se raccorder entre eux. Ceux par exemple qui proviennent de la chute du Teilleul (Manche) et que renferment les collections du Muséum ou de l’école des mines, reconstituent par leur rapprochement un prisme droit à base pentagonale. Les portions de la surface primitive se reconnaissent à leur croûte vernissée : il semble que la couche superficielle ait subi une fusion rapide et ruisselé en quelque sorte sous forme de rides ou de bourrelets. La cassure, mieux encore que les parois, révèle la structure intime, qui tantôt offre l’aspect d’une masse concassée et ressoudée, tantôt présente d’innombrables globules enchâssés dans une pâte plus ou moins résistante. Mais le caractère le plus net est la multitude d’impressions que porte la surface ; semblables à celles que laisse sur l’argile molle le doigt du potier, ces cupules rappellent par leur arrangement irrégulier et leurs formes arrondies l’empreinte des premières gouttes d’une pluie d’orage sur la vase à demi durcie des grèves. La structure globulaire, comme les surfaces de frottement, paraît due aux efforts mécaniques subis par les météorites dans les espaces planétaires, tandis que les cupules se sont produites, comme l’éclatement, dans notre atmosphère. L’expérience jette une lumière inattendue sur ces deux ordres de phénomènes.

Plusieurs roches dans la nature possèdent la structure globulaire. Tels sont ces minerais de fer ou ces calcaires qui doivent à une précipitation concrétionnée au sein des eaux agitées l’apparence d’un amas d’œufs de poisson; tels aussi certains silicates dus à la consolidation de masses d’abord chaudes et fondues, ou encore les grenailles de galène qui parsèment les grès bigarrés de la Prusse rhénane. En suivant les indications que fournit ainsi l’observation, on peut faire naître la structure globulaire. Que l’on soumette à la fusion, avec du charbon qui le divisera par sa seule présence, le silicate le plus analogue à la matière pierreuse des météorites, le