Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 38.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tableau d’ensemble vient d’être tracé par l’éminent géologue qui a contribué plus que personne à frayer cette voie nouvelle. Trois ordres de faits ont été l’objet du contrôle de l’expérience : les réactions physiques ou chimiques qui s’accomplissent dans les entrailles du globe ; les effets mécaniques qui en ont modelé la superficie ; enfin les phénomènes plus généraux qui ont pour théâtre l’univers entier et qui unissent étroitement la géologie à l’astronomie. Aux premiers se rattachent l’étude des gîtes métallifères, des roches métamorphiques ou éruptives, la reproduction des minéraux, et nous commencerons par exposer les recherches qui s’y rapportent.


I.

Les minéraux, et notamment les métaux oxydés ou sulfurés, ne sont pas disséminés au hasard dans les roches. Emanés des régions profondes de l’écorce terrestre, ils en tapissent d’ordinaire les étroites fissures et forment, surtout dans les terrains disloqués, des filons coordonnés en réseaux. Une gangue généralement quartzeuze ou calcaire les empâte, et ils manifestent, dans leurs cristallisations successives ou leurs associations mutuelles, des caractères réguliers et des affinités spéciales soit entre eux, soit avec les roches qui les renferment. Les filons se partagent en deux grandes divisions : les amas ou gîtes d’étain oxydé et les filons dits concrétionnés, où le plomb sulfuré joue le principal rôle. L’origine des uns et des autres offrait mainte obscurité que l’expérimentation est par- venue à dissiper, au moins en partie.

Rien n’est plus constant que la constitution des gîtes stannifères, qu’on les observe en Saxe ou en Cornouailles, au Groenland ou en Australie. Intimement lié au quartz, l’oxyde d’étain imprègne parfois la roche, qu’il s’agisse de phyllade ou de gneiss, de granité ou de porphyre ; mais il est surtout concentré dans un assemblage de petites veines, en général dans les parties quartzeuzes d’un massif et non loin de la surface de contact de roches différentes. Ces veinules, souvent rectilignes, n’ont été ouvertes qu’après la consolidation de la masse encaissante et ne sont pas le produit de ses exsudations : elles recoupent en effet, sans déviation ni altération, des roches qui varient d’âge ou de nature. Avec le quartz se trouve un cortège de minéraux étrangers aux filons ordinaires et qui donnent aux amas stannifères une physionomie à part. Ce sont des silicates fluorifères et borifères, comme la topaze, la tourmaline, l’axinite, des phosphates comme la turquoise, et aussi le fluophosphate de chaux ou apatite, etc. Ce fait à la fois si constant et