Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 38.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
PAPAUTÉ HORS DE L’ITALIE
CLÉMENT V.

Clément V, Philippe le Bel et les Templiers, par Edgard Boutaric ; Paris, 1874. (Extrait de la Revue des Questions historiques.)

De tous les règnes qui composent l’histoire de France, le règne de Philippe le Bel est celui qui, selon moi, devrait le plus tenter un jeune homme voué aux études historiques et attiré vers les points obscurs de nos annales. Ce règne a été aussi mal traité que possible par les chroniqueurs. Philippe et ses confidens vivaient entre eux, dans un monde très fermé, contens de faire de grandes choses, mais très peu soucieux de la manière dont on les raconterait. Les erreurs énormes de Geoffroi de Paris, qui vivait tout près de la cour, mais non pas dans ses secrets, nous font sourire. Villani, qui comprend bien mieux la grandeur de Philippe, veut amuser ses compatriotes florentins, et leur conte des histoires dont il savait mieux que personne le peu de réalité historique. Heureusement, le nombre et l’importance des pièces originales qui nous sont parvenues de ce règne extraordinaire suppléent au manque de récits contemporains. Les Archives nationales venaient d’être fondées par saint Louis, près de la Sainte-Chapelle ; Pierre d’Etampes, qu’on peut considérer comme le plus ancien de nos gardes des archives, formait lui-même de précieux recueils et donnait le premier modèle des grandes collections diplomatiques. Tous les actes originaux des affaires qui remplissent les premières années du XIVe siècle reposent à l’heure qu’il est au grand dépôt de l’hôtel Soubise. C’est là qu’on peut voir combien Philippe le Bel, grâce à d’habiles conseillers, Nogaret, Plaisian, Pierre Du Bois, devança son temps en bien et en mal et atteignit d’emblée les