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LES DEMONIAQUES
D'AUTREFOIS

I.

I. Axenfeld, Jean Wier et les Sorciers, 1865. — II. Michelet, la Sorcière. — III. A. Réville, Histoire du diable. — IV. P. -L. Jacob, bibliophile, Curiosités de l’histoire, 1859.

Dans son gros livre sur les sorciers[1], Pierre Le Loyer est pris de compassion pour les erreurs des païens. relativement à l’origine des maladies. « Si celuy qui tomboit du haut mal bêloit comme une chèvre, et si, pendant qu’il étoit à plat de terre, il se tournoit souvent vers la partie droite, l’on disoit que la mère des dieux causoit sa maladie. S’il crioit plus haut et en voix plus claire, comme le cheval qui hennit, c’étoit Neptune. S’il haussoit sa voix en ton grêle et déchiqueté menu comme le chant des oiseaux, c’était Apollon, surnommé Nomien ou pasteur. S’il se tantouilloit en la fange, et se plaisoit à s’en souiller le visage et le corps, c’étoit Diane présidant ès carrefours. S’il jetoit de l’écume par la bouche, ruoit et regimboit des pieds, c’étoit Mars. Si de nuit il se levoit en sursaut et s’épouvantoit, c’étoit Hécate ou Proserpine qui lui mettoient en tête ces tranchées de folies… Il n’y a personne qui ne juge que ce que faisoient les païens ne fût assez ridicule, que ce n’étoit que superstition à laquelle ils étoient extrêmement adonnés, et que Satan en un mot leur avoit bien sillé (fermé) les yeux de

  1. Discours et Histoires des spectres, visions et apparitions des esprits, anges, démons et âmes se monstrans visibles aux hommes, par Pierre Le Loyer, conseiller du roy au siège présidial d’Angers ; Paris, chez Nicolas Buon, in-4o, 1605.