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souvent les éloges qu’ils leur prodiguent ; par contre, l’état dans lequel se trouvent les chemins, placés hors de la vue et loin du contrôle des employés supérieurs du gouvernement, est moins recommandable ; dans l’intérieur du pays, en réalité, à de rares exceptions près, les transports se font à dos de mulets parce que les voitures ne pourraient passer. Quand parfois, sur des terrains plats, on rencontre de grands chariots traînés par des bœufs, à roues pleines, à lourds essieux, portant à quelque foire du voisinage les denrées de la contrée, leur aspect, qui fait songer aux chars mérovingiens, prouve que les voyages les exposent à de rudes épreuves.

Dès 1852, le gouvernement s’est préoccupé d’encourager la construction des chemins de fer. Les premiers 20 kilomètres exécutés ont uni la baie de Rio au pied de la montagne sur laquelle est bâtie la petite ville de Petropolis, résidence d’été de l’empereur.

Depuis cette date, l’histoire du réseau brésilien a passé par plusieurs phases distinctes : la première, de 1852 à 1865 ; fut une période d’engagemens directement pris par l’état pour attirer les capitaux étrangers vers les entreprises qu’il projetait ; la seconde, de 1865 à 1873, pourrait être appelée celle de l’initiative individuelle laissée à elle-même, essai peu réussi qui s’est terminé par un recours général des compagnies à la caisse des provinces ; de 1873 à 1878, le trésor public intervient de nouveau pour secourir les trésors provinciaux incapables de remplir les engagemens qu’ils ont contractés ; enfin se produit la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui, c’est-à-dire la disparition complète du crédit sur la place de Londres pour toute œuvre nouvelle de travaux publics au Brésil.

La première préoccupation qui paraît avoir dirigé les études du gouvernement en cette matière spéciale est celle d’établir une ligne de communication par l’intérieur de l’empire entre la capitale et les provinces septentrionales. Pour atteindre ce but, la navigation du San Francisco, qui traverse du sud au nord une grande partie du continent brésilien, était naturellement appelée à jouer un grand rôle. Il devait suffire de joindre par des lignes de chemins de fer, d’une part, Rio-de-Janelro à ce fleuve, dans la première partie de son cours-, de l’autre, la mer au San Francisco un peu au-dessus des chutes de Paulo Affonso, chutes qui empêchent les (navires de descendre jusqu’à son embouchure. Mais ce plan était gigantesque et, jusqu’à ce jour, il n’a point encore été complété. Pour en réaliser la première partie, fut accordée, en 1852, à une compagnie anglaise, la concession d’un railway, décoré du nom du souverain Dom Pedro II, dont le tracé reliait la capitale aux provinces de Minas Geraes et de Sao-Paulo. Ces provinces