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Au-dessus des écoles de campagne, Rolland demande l’établissement de « demi-collèges », avec deux ou trois classes, trois ou quatre professeurs, et dont les meilleurs élèves iraient compléter leurs études dans les collèges de plein exercice ; enfin les universités, avec leurs facultés spéciales, constituent l’enseignement supérieur.

Création d’une École normale, sous le titre de Maison d’éducation pour former les maîtres, d’inspecteurs généraux, délégués par les facultés pour visiter chaque année tous les collèges ; d’un directeur supérieur d’éducation, résidant à Paris, sorte de ministre de l’instruction publique[1], sous les ordres immédiats du ministère de la justice ; subordination des universités de province à celle de Paris qui devient le chef-lieu de l’enseignement ; uniformité dans les programmes pour parvenir à l’uniformité dans les mœurs et dans les lois : telles sont les principales innovations du remarquable projet de Rolland, le plus vigoureux champion avant 1789 des droits de l’état en matière d’éducation, l’un des véritables fondateurs de l’université du XIXe siècle.


IV

Il ne saurait être ici question d’exposer, même brièvement, ce qu’ont fait pour l’éducation nos grandes assemblées révolutionnaires, la constituante, la législative, la convention. Leur œuvre, vaste, multiple, est encore en partie vivante, et sur nombre de points nous ne pourrions que souhaiter la réalisation de ce qu’elles ont conçu et décrété.

La révolution comprit du premier jour toute l’importance de l’éducation pour un pays qui veut être libre. Plusieurs projets de réorganisation furent présentés à l’assemblée nationale. Quelques oratoriens, ralliés aux idées nouvelles, allaient fort loin ; l’un d’eux, Paris, réclamait l’instruction obligatoire, l’instruction gratuite à tous les degrés pour les indigens, et des traitemens considérables (1,600 livres) pour les instituteurs. Plus timide, Mirabeau repousse l’instruction obligatoire et le monopole universitaire, il se contente de demander pour l’enseignement secondaire classique un collège par département, et pour l’enseignement supérieur, un lycée national unique, à Paris. Cent élèves de moins de trente ans, de plus de vingt ans, envoyés par les départemens, seraient, pendant trois années, élevés aux frais de l’état dans cette grande école et y recevraient l’enseignement le plus varié et le plus complet. Méthode et grammaire, économie publique et morale, histoire universelle ; géométrie et algèbre, mécanique, physique générale, histoire

  1. La première idée de cette création appartient à l’abbé de Saint-Pierre.