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substituer la race bovine. On ne saurait donc considérer, quoiqu’on en fasse grand bruit, la diminution signalée, qui est également constatée en Angleterre, comme un symptôme défavorable.

Si la production agricole a augmenté dans son ensemble, les prix se sont élevés bien plus encore ; d’une part, parce que la consommation, s’accroissant avec le bien-être, a suivi une marche parallèle ; d’autre part, parce qu’une grande partie des produits ont trouvé sur les marchés étrangers des débouchés qui autrefois leur faisaient défaut.

Le prix moyen du blé a peu varié, quoiqu’il ait subi cependant une légère hausse ; de 20 fr. 81 qu’il était pendant la période 1850-1859, il s’est élevé à 22 fr. 01 par hectolitre pendant la période de 1860-1869. Mais on ne peut rien en conclure, car c’est un phénomène économique très remarquable que, depuis le commencement du siècle, le prix du blé est resté à peu près stationnaire malgré la diminution relative de la valeur de la monnaie. Ce phénomène s’explique parce que la production du blé s’est augmentée en même temps que la consommation. Le prix des vins s’est accru dans une très forte proportion par suite des débouchés nouveaux qui se sont ouverts. Nous ne pouvons établir de moyenne puisque ces prix varient considérablement d’une localité à l’autre ; mais les vins du midi qui, avant 1860, ne valaient pas plus de 10 à 15 francs l’hectolitre, se vendaient couramment dans ces dernières années de 40 à 60 francs.

Ce sont surtout les produits animaux qui ont atteint des chiffres jusqu’alors inconnus : les chevaux propres à la culture qu’on pouvait, il y a vingt ans, se procurer couramment pour 500 ou 600 fr. se paient aujourd’hui de 1,200 à 1,500 francs ; quant aux chevaux de luxe, on ne peut rien trouver de convenable à moins de 1,800 ou 2,000 francs. Le prix des vaches a triplé presque partout ; il s’est élevé de 200 fr. à 600 fr., celui des bœufs de travail a passé de 400 à 800 francs[1], celui de la viande a augmenté de moitié. On ne constate une légère diminution que pour celle du porc, due, paraît-il, aux importations américaines, qui permettent de la livrer au consommateur français à 0 f. 60 cent. le kilogramme. Le prix des laines a également baissé, dépréciation qui doit être attribuée non-seulement aux importations des laines australiennes, mais surtout aux caprices de la mode, qui ont restreint l’emploi des laines fines. Le prix des volailles a plus que doublé ; il en a été de même de celui des œufs, du beurre et du fromage, qui ont trouvé sur le marché anglais un débouché presque illimité ; en 1864, on a exporté en

  1. Enquête sur la situation de l’agriculture. Voir notamment la réponse de M. A. Le Cler pour le département de la Vendée.