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Angleterre, transformé par la nourriture, le climat et l’entraînement, est devenu la souche du cheval pur sang anglais, si remarquable par sa vigueur et son énergie. Nous ne pouvons, à propos d’une étude sur l’agriculture en France, entrer dans des détails sur l’élevage et la production de cette race que les courses ont pour objet d’améliorer sans cesse par la sélection, mais que l’entraînement trop hâtif, dû surtout au développement exagéré qu’ont pris les paris, risque aujourd’hui de compromettre.

En France, la Normandie a de tous temps, grâce à ses pâturages, été un pays d’élevage. Les chevaux qu’elle produisait, d’origine danoise, étaient grands et vigoureux, mais laissaient à désirer sous le rapport de l’élégance. Pour en modifier le caractère, on les a croisés avec le pur sang anglais, et l’on a obtenus des métis connus sous le nom d’anglo-normands, dans lesquels, certains hippologues veulent voir une race spéciale. Ces métis possèdent, il est vrai, des qualités que n’avait pas l’ancienne race, mais ils n’ont pas de caractère fixe déterminé se perpétuant de génération en génération ; ils sont souvent décousus et présentent des phénomènes d’atavisme. On ne peut les empêcher de dégénérer qu’en leur infusant de nouveau de temps à autre du sang anglais, qui les rapproche peu à peu de la race pure, à laquelle il vaudrait mieux revenir immédiatement. La race bretonne, remarquable par sa rusticité, est aussi d’origine orientale. Le croisement avec le pur sang a eu pour effet d’en élever la taille, mais aussi d’en diminuer la résistance et la sobriété. La race limousine, qui dérive également de l’arabe, a une grande distinction, et beaucoup d’énergie ; mais elle n’existe pour ainsi dire plus à l’état pur. Il en est de même de la race lorraine, qui, bien que mal conformée, avait une résistance à toute épreuve, et qui est aujourd’hui complètement dégénérée par des croisemens mal conçus. Les chevaux des Landes, comme ceux des Pyrénées, sont d’origine berbère ; patiens et énergiques, ils sont particulièrement aptes au service de la cavalerie légère.

Ces diverses races de chevaux de selle avaient des qualités propres très remarquables et. auraient pu facilement être améliorées par la sélection, la nourriture et la gymnastique fonctionnelle destinée à développer leurs aptitudes. Il eût été le plus souvent inutile de recourir au croisement avec le pur sang, dont le grand inconvénient, quand il est fait sans méthode, est de donner aux produits une ardeur à laquelle ne répond pas toujours leur conformation physique ; on obtient ainsi des animaux quinteux qui dépensent leur énergie à se défendre contre l’homme au lieu de se plier à son service. Il importe avant tout de rechercher l’harmonie entre les qualités morales et les aptitudes physiques, et c’est pour cela qu’une amélioration de lia race par elle-même, est