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d’or. Ce n’est pas pour acheter le garçon : liberté aux époux de venir faire visite à leur fils quand et comme il leur plaira. — Cher monsieur Jean, il faut que j’aille à la maison et que je le dise à mon mari, parce que, si mon mari est content, je vous amènerai le garçon. Savez-vous, monsieur Jean, j’ai aussi une fille. — Ah ! ne me parlez pas des femmes, car je ne peux pas les voir. Le garçon oui, mais pas de femme.

Elle va à la maison, chez son mari, en tenant l’enfant par la main. Elle va à la maison et elle frappe. L’homme se met à la fenêtre. — Eh bien, qu’as-tu fait, tu ne l’as pas accompagné à l’école, le bambin ? — Elle dit : Non. Ouvre, j’ai à te dire quelques mots. C’est monsieur Jean, de Constantinople, qui m’a appelée et m’a dit ceci : qu’il voudrait mon fils chez lui, que l’enfant serait l’héritier de toutes les richesses de monsieur Jean, de Constantinople. — Bah ! que veux-tu ! ça me fait de la peine. — Mais avec cela, sais-tu, permis à nous d’aller voir notre fils quand et comme il nous plaira. Et de plus il nous donne un sac de louis d’or. Un besoin qui nous viendrait, tu entends, nous irions là et nous serions secourus. — Il dit : Va et donne-le-lui. Viens, pauvre Petit François (le fils s’appelait François). — Il l’embrasse et : Adieu ! adieu ! adieu !

La mère le prend par la main et le mène auprès de monsieur Jean, de Constantinople. Monsieur Jean, de Constantinople, qui était là-haut au balcon et qui voit revenir la mère avec l’enfant, le cœur lui sautait d’allégresse. — Qu’y a-t-il, chère petite femme mariée ? — Mon mari est content. — Dorénavant tenez ma maison pour la vôtre. — La mère prend l’enfant et l’embrasse : Adieu, petit François ! adieu, Petit François ! Elle ne pouvait s’en détacher. Monsieur Jean va chez lui et prend le sac de louis d’or ; il le donne à la mère et dit : — Adieu, comptez bien que, quand vous voudrez voir le garçon, vous entrerez ici comme chez vous, — Adieu ! adieu ! — La mère s’en va.

— Ah ! pauvre Petit François ! dit monsieur Jean. — Il vous le prend, vous l’embrasse et vous le met sous un maître très parfait pour lui apprendre l’éducation. L’enfant se fait grand et dit : — Monsieur Jean, je voudrais apprendre tel métier, — selon la fantaisie qui lui venait, et on lui mettait un maître. Petit François commençait avec ce maître et, quand il arrivait à la perfection, il disait : — Je veux faire tel métier, tel autre, je veux faire le doreur, le ciseleur, — selon son caprice. Il devint un très brave jeune homme… un grand peintre tout à fait brave.

Un jour, il était à table avec monsieur Jean, qui le tenait près de lui à l’heure du déjeuner, à l’heure du dîner de même, à l’heure du goûter de même ; il le voulait toujours à ses côtés. L’idée vint à monsieur Jean de lui dire : — Petit François, je veux que tu me