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médecins venus des pays les plus divers pour discuter les questions qui intéressent la santé des hommes.

Le président du congrès a été l’illustre physiologiste Donders, professeur à Utrecht. C’est lui qui a souhaité la bienvenue aux étrangers membres du congrès. Son discours a été prononcé en français, dans une langue claire et élégante. Il s’est attaché à montrer que tous les peuples avaient leur part dans l’œuvre scientifique commune. Dès la première séance, M. Donders a proposé de nommer M. Bouillaud président d’honneur du congrès, et cette motion a été adoptée avec enthousiasme. Il ne faut pas oublier en effet que M. Bouillaud, il y a plus d’un demi-siècle, a fait faire à la médecine des progrès considérables. Il a établi cette grande loi des relations entre les maladies du cœur et le rhumatisme, et, dans ses études sur l’encéphalite, il a, le premier, localisé dans certaines parties du cerveau la fonction du langage articulé. Il est juste que les jeunes gens n’oublient pas la gloire des vieux maîtres, et que les progrès rapides de la science d’aujourd’hui ne leur fassent pas négliger les conquêtes de la science d’autrefois. Les beaux travaux de M. Bouillaud appartiennent déjà à l’histoire, et il est juste qu’une réunion de médecins décerne à M. Bouillaud, leur maître à tous, la présidence honoraire.

Les travaux du congrès se divisent en deux séries. Le matin, les membres du congrès, réunis en différentes sections (médecine, chirurgie, accouchemens, biologie, médecine publique, psychiatrie, ophtalmologie, otologie, pharmacologie) écoutent les communications faites par l’un ou l’autre des membres. Pendant la journée, dans une assemblée générale, des questions générales sont traitées, et le plus souvent un orateur fait sur une question indiquée à l’avance un discours qui n’est pas suivi de discussion. On comprendra facilement que les séances des sections, où des discussions sérieuses s’engagent à propos des diverses communications, sont certainement les plus utiles ; mais, par leur côté technique, elles échappent à l’appréciation des lecteurs de la Revue. Il en est de même des questions traitées en séances générales, et, sauf une ou deux que nous excepterons, il ne serait pas utile d’en parler ici.

Nous mentionnerons d’abord une conférence faite par M. le professeur Marey devant une assemblée où les dames étaient en grand nombre. M. Marey a exposé les faits nouveaux découverts par lui et relatifs à la circulation du sang. Grâce à des appareils extrêmement précis, il a pu mesurer la pression du sang dans les artères et dans les veines de l’homme. Depuis longtemps les physiologistes vivisecteurs pouvaient, en adaptant un tube dans l’artère ou la veine d’un animal vivant et en mettant ce tube en rapport avec du mercure, connaître exactement la pression du sang dans le système circulatoire de cet animal. Mais M. Marey a pu mesurer la pression du sang chez l’homme sans produire la moindre mutilation, et au moyen d’un appareil assez simple. On