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Herbert et tous les peelites. Grâce à l’appui des conservateurs, dont M. Disraeli se chargea d’expliquer la détermination, la motion fut adoptée à une majorité de seize voix. Lord Palmerston répondit à ce vote par une dissolution.

La circulaire adressée car M. Disraeli aux électeurs du comté de Buckingham peut être considérée comme le manifeste électoral du parti conservateur. Les fautes de lord Palmerston, suivant M. Disraeli, étaient la conséquence forcée de la fausseté de sa situation : « chef tory d’un ministère radical, il ne pouvait donner à ses adhérens les satisfactions qu’il leur avait fait espérer, et pour se soustraire à ces embarras intérieurs par une diversion, il jetait l’Angleterre dans mille aventures extérieures. Le pays ne devait attendre le repos que d’une politique conservatrice pratiquée par des conservateurs ; le programme en pouvait être résumé en quelques mots : la paix avec l’honneur ; la réduction des impôts, les améliorations sociales. C’était la première fois que cette expression apparaissait dans le langage politique de nos voisins, et son emploi prouva avec quelle persistance M. Disraeli s’attachait à identifier la cause de son parti avec celle des classes laborieuses et avec la défense des intérêts populaires. Ce programme n’était pas de nature à frapper les imaginations : néanmoins le parti conservateur n’eut pas à se plaindre du résultat des élections, qui portèrent à deux cent quatre vingt-quatre le nombre des voix dont il disposait dans la chambre des communes. Ce progrès était d’autant plus digne de remarque que les élections générales de 1857 furent un triomphe pour lord Palmerston. La popularité de cet homme d’état était alors à son apogée : l’opinion publique, témoin des tergiversations de lord Aberdeen et de lord John Russell, savait gré à lord Palmerston de la direction plus énergique qu’il avait donnée à la politique anglaise ; elle lui rapportait l’honneur de la paix glorieuse qui avait terminé la guerre de Crimée, et elle ne voulait voir dans les attaques dirigées contre le premier ministre par ses anciens collègues que l’effet de rancunes personnelles et de prétentions peu justifiées. Elle se montra donc très sévère pour les instigateurs de la coalition ; des hommes dont la situation parlementaire semblait à l’abri de toute atteinte, M. Cobden, M. Bright, M. Milner Gibson, M. Layard expièrent par un échec électoral la part qu’ils avaient prise à la campagne dirigée contre lord Palmerston ; mais ce fut la fraction des peelites qui éprouva les pertes les plus sensibles : ce fut à peine si cinq ou six de ses membres revinrent à la chambre des communes ; tous les autres succombèrent devant la double hostilité des conservateurs et des partisans du ministère.

La popularité de lord Palmerston ne devait pas tarder à recevoir de graves atteintes. Le premier coup lui fut porté par la révolte