Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 36.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DIDEROT INEDIT
D'APRES LES MANUSCRITS DE L'HERMITAGE

II.[1]
LA RÉFUTATION D’HELVÉTIUS ET LE PLAN D’UNE UNIVERSITÉ.

Œuvres complètes de Diderot, éditées par J. Assézat et Maurice Tourneux, 20 vol. in-8o, 1875-1877 ; Garder frères.


I

Diderot n’était pas fait pour les ouvrages suivis. Ses meilleurs écrits sont assurément ceux qui sont issus du hasard, les fragmens, nés par une sorte de génération spontanée appliquée aux idées que l’on voit éclore en foule, dans ce cerveau toujours en fermentation, des sujets les plus divers et les plus inattendus. L’écrivain reste encore le causeur qui a changé d’auditoire, mais non d’attitude. La plume à la main ou la parole aux lèvres, dans son cabinet de travail ou dans les salons, au café où l’on fait cercle autour de lui comme au Grandval, chez le baron d’Holbach, il s’abandonne sans arrière-pensée, il se livre : il est le vrai créateur de la critique primesautière, hardie et vive à la rescousse, en éveil sur toutes les questions, la critique d’impression dans toute sa liberté, ses audaces et ses périls ; ce qui faisait dire à Sainte-Beuve ce mot si juste : « C’est le grand journaliste moderne, l’Homère du genre… C’est par ce côté qu’il survit et qu’il doit nous être cher à tous,

  1. Voyez la Revue du 15 octobre.