habité successivement sous la voûte principale de l’arc de Septime Sévère, alors que ce monument était enseveli à moitié : ils avaient un de ces fours si nombreux précisément au forum pendant le moyen âge ; c’est ainsi sans doute qu’ont péri peu à peu les débris du temple de la Concorde, situé tout auprès, et dont il ne reste plus aujourd’hui même une colonne. De si détestables pratiques dureront jusque pendant le XVIe et même le XVIIe siècle.
Ajoutons à ces nombreuses causes de ruine les fléaux naturels. Le tremblement de terre de 1348 fut terrible : la toiture, le campanile et une grande partie de l’atrium de la basilique du Lateran s’écroulèrent. Une nouvelle secousse dans les premiers jours de septembre 1349 fit tomber une partie da Colisée, mutila la tour des Conti, et ébranla la basilique de Saint-Paul. — N’oublions pas les inondations du Tibre, fléau redoutable qui occupe dans l’histoire de la ville de Rome une si large place. Tite-Live, Tacite et Pline le Jeune ont à ce sujet des récits lamentables. La crue de 792 arracha de ses gonds la porte flaminienne et l’entraîna jusqu’au pied de l’arc de Marc-Aurè1e, près de San Lorenzo in Lucina, dans le Corso actuel. Celle de 1230 s’éleva, est-il dit, jusqu’aux toits des maisons, et renversa le pont palatin ou de Sainte-Marie. Le XVe siècle connut huit au moins de ces crues meurtrières. — La chronique des incendies serait tout aussi désastreuse.
Parmi les signes permanens de la ruine laborieuse et séculaire dont Rome a été l’objet, il y en a deux qui étonnent, et dont l’entière explication est difficile. — Les archéologues se sont exercés dès longtemps à résoudre le problème de ces trous nombreux et profonds que tout visiteur a remarqués aux murs et aux colonnes des monumens de Rome antique, par exemple au Colisée et au temple de Neptune (Piazza di Pietra). M. Gregorovius cite un antiquaire qui a voulu en avoir le cœur net, et qui n’a rien trouvé de mieux que de proposer jusqu’à sept ou huit explications. L’origine principale paraît en être l’enlèvement successif et patient des tenons de fer qui reliaient entre elles les grosses pierres l’une par-dessus l’autre. On retrouve souvent au fond de la fracture les creux perpendiculaires, pratiqués dans les deux blocs, où ces tenons venaient se placer, et même, dans le creux inférieur, des restes de scellemens en plomb. On peut voir au Colisée, soit à hauteur d’homme, soit parmi les pierres tombées, que ces tenons étaient de fer et non de bronze : il en reste des fragmens. Si l’on s’étonne du degré de misère que cette recherche du fer indiquerait, que l’on veuille se rappeler quel dénûment attestaient d’autres symptômes que nous avons mentionnés, ces maisons de terre et ces toitures en bois, qui faisaient ressembler par certains côtés la Rome du