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tassement des roches ou l’action des eaux souterraines que dans les phénomènes volcaniques proprement dits, — ne nous avertissent-ils pas tous les jours que de grands changemens s’accomplissent dans les profondeurs du sol ?

Sir George Airy lui-même est venu prêter l’appui de sa grande autorité aux partisans de l’hypothèse du noyau liquide dans l’intéressante conférence qu’il a faite récemment à Cockermouth, devant un public de mineurs et de gens du monde. Pour l’illustre astronome royal, l’écorce terrestre est formée de roches plus ou moins compactes qui flottent sur une masse de lave fluide ou semi-fluide : les roches les plus lourdes forment le lit des mers ; les roches plus légères forment les continens, et les parties montagneuses sont en même temps celles qui enfoncent le plus dans la lave, exactement comme un grand navire a plus de tirant d’eau qu’un petit. Il s’ensuit que, sous les montagnes, un volume considérable de lave relativement dense est déplacé par des masses plus légères, ce qui explique le peu d’effet que certaines chaînes (l’Himalaya par exemple) exercent sur le fil à plomb.

C’est encore sur l’hypothèse du feu central que repose la théorie du soulèvement des montagnes, telle que l’a formulée M. Elie de Beaumont. L’écorce terrestre, en se refroidissant, éprouve un retrait, puis des ruptures qui se produisent suivant des arcs de grands cercles ; la lave, comprimée par la croûte solide qui s’est resserrée, monte à travers ces fissures, dont elle plisse et relève les bords, et forme, en se solidifiant, de longs bourrelets qui constituent les chaînes de montagnes. Les eaux dont l’ancien lit a été soulevé cherchent alors d’autres bassins et, à mesure que le calme se rétablit, elles déposent les matières dont elles s’étaient chargées pendant la période de trouble : c’est ainsi que se forment des terrains de sédiment recouvrant des dislocations plus anciennes. Le relief actuel du globe serait ainsi le résultat d’une série de soulèvemens séparés par de longs intervalles de calme, dont M. Élie de Beaumont a tenté d’établir la chronologie à l’aide de lois géométriques en vertu desquelles les chaînes contemporaines affectent des directions parallèles. La théorie des soulèvemens a ses côtés faibles, surtout la partie relative au synchronisme des formations ; elle a été vivement combattue par l’école de sir Charles Lyell, qui veut ramener tous les changemens de la surface du globe aux actions lentes des forces qui sont encore à l’œuvre sous nos yeux. En considérant les effets prodigieux des éruptions volcaniques et des tremblemens de terre, les oscillations séculaires du sol, les changemens que l’action de la mer et celle des rivières opèrent encore de nos jours à la surface du globe, les partisans de l’uniformité