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que l’oxydation de la croûte va plus avant, la région des actions chimiques s’abaisse au-dessous de la surface. — Cette théorie, difficile à soutenir, n’a plus de partisans aujourd’hui. On peut d’ailleurs répondre à l’objection tirée des marées, qu’en y regardant de près elles ne produiraient sans doute qu’une flexion tout à fait insensible de la croûte solide et qui serait loin d’entraîner aucune dislocation. Enfin, il s’agit de savoir si les phénomènes séismiques ne révèlent pas l’existence de marées souterraines.

Cette question fait l’objet des recherches que M. Alexis Perrey, professeur à la faculté des sciences de Dijon, poursuit depuis plus de trente ans. M. Perrey s’est appliqué à réunir toutes les observations concernant des tremblemens de terre qui ont été faites depuis le milieu du siècle dernier jusqu’à nos jours, et en groupant convenablement les faits recueillis dans cet intervalle de cent vingt-cinq ans, il a pu mettre en évidence les rapports qui existent entre la fréquence des tremblemens et l’âge de la lune. En premier lieu, si les phénomènes sont rapportés au mois lunaire, on constate l’existence de deux maxima aux époques des syzygies (nouvelle lune et pleine lune), tandis que deux minima correspondent aux quadratures (premier et dernier quartier). Le tableau suivant résume les résultats obtenus pour trois périodes différentes, en groupant les jours de tremblemens par semaines correspondant aux phases de la lune, et en réunissant d’une part les groupes correspondant à la nouvelle et à la pleine lune, et de l’autre ceux qui appartiennent au premier et au dernier quartier.

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1751-1800 1801-1850 1843-1872
Total 3,655 6,595 17,249
Aux syzygies 1,901 3,434 8,838
Aux quadratures 1,754 3,161 8,411
Différence 147 273 427


La différence est toujours en faveur des syzygies : il semble donc que ces sortes d’accès de fièvre dont la terre est saisie d’une manière intermittente se produisent avec le plus de facilité aux époques où le soleil et la lune peuvent combiner leur action sur les parties liquides de l’intérieur du globe.

M. Perrey a encore examiné l’influence des positions de la lune dans son orbite, en comparant les nombres qui correspondent aux époques du périgée et de l’apogée, c’est-à-dire aux époques où la lune est le plus près et le plus loin de la terre. Voici les résultats de cette comparaison, si l’on réunit, pour chaque époque, les faits notés pendant les périodes de cinq jours au milieu desquelles tombe un périgée ou un apogée de la lune.