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dans certains cas ; mais celles de ces assertions qui ont pu être vérifiées ont été trouvées exagérées. Somme toute, les médecins qu’on a entendus se sont accordés pour soutenir qu’un travail régulier était impossible dans l’air humide, à une température approchant de 37 degrés. Dans un air sec, la chaleur est mieux supportée. Or, les mines les plus profondes étant en général les plus sèches, cette circonstance jointe aux puissans moyens de ventilation dont on dispose aujourd’hui permettra probablement de pousser les exploitations à des profondeurs d’au moins 1,200 mètres. Peut-être même ira-t-on plus loin, grâce au système des « puits atmosphériques » qu’un ingénieur français, M. Z. Blanchet, a récemment inauguré à Épinac ; dans ces puits, l’extraction s’opère au moyen d’un tube pneumatique qui fonctionne par le vide et aspire les chariots tout en procurant une énergique ventilation. En perfectionnant ce système d’extraction, on pourra sans doute atteindre les gisemens les plus profonds.


III.

En dehors des renseignemens que nous fournissent sur la chaleur de l’abîme les excavations artificielles, les puits et les mines, nous en avons un témoignage irrécusable dans les sources thermales et dans l’ensemble des phénomènes volcaniques. La température de certaines sources approche de 100 degrés : celles de Chaudes-Aigues marquent 80 degrés, la fontaine des Trincheras, au Venezuela, 97 degrés ; l’eau des geysers de l’Islande marque 85 degrés à la surface et 127 degrés à 20 mètres de profondeur. Mais il est facile de voir que la température des sources chaudes ne représente pas nécessairement celle de la profondeur d’où elles viennent. Si l’on fait abstraction des phénomènes chimiques qui pourraient contribuer à échauffer l’eau dans sa course souterraine, il est une autre cause purement physique qui peut en accroître la température dans une forte mesure. Lorsqu’on songe aux immenses cavernes de la Carniole et de l’Istrie, on n’aura pas de peine à admettre qu’il peut exister dans l’intérieur de l’écorce terrestre des fissures qui descendent jusqu’à 10 ou 20 kilomètres de profondeur et qui sont remplies d’eau comme le gouffre qui vomit et absorbe périodiquement le lac de Zirknitz. Aune profondeur de 2 ou 3 kilomètres, cette eau possède déjà une température de 100 degrés ; mais la pression de 200 ou 300 atmosphères qu’elle supporte empêche l’ébullition, car à 100 degrés la vapeur ne peut acquérir qu’une tension égale à une atmosphère, et elle ne se forme que si la pression ne dépasse pas