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la chaleur, peut-être aussi à des phénomènes chimiques dont ils sont encore le siège.

Il faut dire aussi que, dans beaucoup de cas, le taux de la progression, loin d’être uniforme, semble se ralentir à mesure qu’on arrive à des profondeurs plus grandes. C’est ainsi que, d’après Fox, l’ensemble des observations recueillies dans les mines de Cornouailles et du Devonshire donnerait une différence de 1 degré centigrade pour 15 mètres à une profondeur d’environ 100 mètres, et pour 41 mètres lorsqu’on arrive à 350 mètres. Ce ralentissement est aussi très sensible dans le fameux puits de Tcherguine, à Yakoutsk, lequel a été creusé dans un terrain entièrement gelé. Commencé en 1828, aux frais d’un négociant nommé Fédor Tcherguine, qui espérait qu’on rencontrerait l’eau à une profondeur de 10 mètres, ce puits avait été en trois ans poussé à 35 mètres sans qu’on fût sorti de la terre glacée, et on allait renoncer à continuer les travaux si, fort heureusement pour la science, l’amiral Wrangel, de passage à Yakoutsk, n’eût fait comprendre au propriétaire l’intérêt que pouvait présenter cette entreprise au point de vue de la physique du globe. On continua donc à creuser pendant six années encore, et l’on atteignit ainsi la profondeur de 116 mètres ; la terre y était toujours gelée, et les travaux furent définitivement arrêtés en 1837 ; on se contenta de couvrir le puits avec soin. En 1844, Middendorf eut l’occasion de le visiter et d’y faire une série d’observations thermométriques, d’après lesquelles la température moyenne est de — 11°, 2 à une profondeur de 2 mètres ; de — 4°,8 à 60 mètres ; de — 3°,0 au fond du puits (à 116 mètres). On voit qu’elle augmente d’abord de 6°,4, puis de 1°,8 seulement pour 60 mètres.

Les observations qu’on a pu faire dans les puits artésiens ont donné des résultats analogues, c’est-à-dire tout aussi discordans quant au taux de la progression. Le chiffre moyen fourni par vingt-sept puits artésiens de Vienne serait, d’après Spasky, de 1 degré pour 20 mètres. Les expériences très précises que le physicien Magnus a instituées en 1831, à Rüdersdorf, près de Berlin, à l’occasion du forage d’un puits artésien, ont donné le même résultat. Mais à Pregny, près de Genève, MM. de la Rive et Marcet ont trouvé 32 mètres pour la profondeur qui correspond à une augmentation de 1 degré centigrade (le puits a été poussé jusqu’à 220 mètres).

Ce chiffre représente assez exactement le taux moyen de l’accroissement de la température, tel qu’il résulte des sondages thermométriques exécutés dans les puits artésiens : en effet, Walferdin a trouvé un accroissement de 1 degré pour chaque 31 mètres dans le puits artésien de l’École-Militaire à Paris, dans celui de Saint-André (Eure), dans le puits de Grenelle, et beaucoup d’autres puits