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1843, dans un discours que Macaulay déclara fort ingénieux, il soutint contre les adversaires du cabinet et contre ceux des tories qui s’alarmaient des tendances de sir Robert Peel, que la politique des dégrèvemens d’impôts et des droits de douane modérés, loin d’être un emprunt aux doctrines des whigs, était la tradition même du parti tory. Pitt avait inauguré cette politique en concluant avec la France le traité de commerce que la révolution avait déchiré. Elle avait été continuée par M. Robinson, par lord Liverpool et par M. Huskisson sous des administrations conservatrices. Interrompue par le bill de réforme qui avait banni les tories du pouvoir, il était naturel qu’elle fût reprise par eux, lorsqu’ils revenaient aux affaires. Il concluait en exprimant la conviction que « le principe d’une équitable protection pour l’industrie nationale se conciliait parfaitement avec une politique commerciale large et libérale. » Quant à la législation sur les céréales, tant que l’expérience n’aurait pas prononcé, il ne se déclarait d’une manière absolue ni pour une échelle mobile ni pour un droit fixe. Il ne s’attachait qu’au principe de cette législation, qui avait pour objet «de maintenir la prépondérance des intérêts territoriaux, prépondérance indispensable au bien du pays, qui lui devait la stabilité de ses institutions. »

Ce fut à propos de la législation sur les céréales que M. Disraeli fut amené à exprimer pour la première fois une opinion sur la politique étrangère. Le 1er juillet 1842, M. Wallace prit occasion de la discussion du budget pour faire le tableau de la détresse qui régnait dans les districts manufacturiers et conclut à l’abrogation des Corn Laws. Sir James Graham lui répondit que le gouvernement n’était pas d’avis d’accroître la détresse générale en retirant à l’agriculture la protection dont celle-ci avait besoin. Dans le cours de la discussion, M. Disraeli soutint que le moyen le plus efficace de venir en aide à l’industrie anglaise était de lui ouvrir de nouveaux marchés par la conclusion de traités de commerce; il reprocha à lord Palmerston d’avoir compromis par sa politique brouillonne les bonnes relations de l’Angleterre avec la France, et d’avoir ainsi rendu plus difficiles les négociations que le gouvernement essayait de nouer avec le cabinet de Paris. L’année suivante, le 13 février 1843, à l’occasion d’une motion de lord Howick, qui avait le même objet que celle de M. Wallace, M. Disraeli revint sur ce thème de la nécessité de conclure des traités de commerce, et se prononça très explicitement en faveur de l’alliance française. « Il y a dix ans, dit-il, un cabinet anglais annonçait au monde son entente avec la France, comme la plus ferme base de son autorité et comme le glorieux triomphe de sa politique. Pourquoi cette confiance mutuelle ne serait-elle pas rétablie? Aucune discussion au sein du parlement