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ait remarqué récemment plus d’activité et une certaine direction dans les on-dit dont s’amuse la crédulité des oisifs, on serait disposé à penser qu’il faut s’en remettre au temps à cet égard, et que le silence est de toutes les réponses qu’on peut faire la meilleure et la plus sensée. Quel est, d’ailleurs, le Français homme de sens qui, mettant quelque intérêt à découvrir la vérité, ne parvienne bientôt à reconnaître dans les bruits qui se répandent le résultat d’une malignité plus ou moins intéressée à les propager ? Dans un pays où tant d’hommes savent ce qui est et peuvent juger ce qui n’est pas, si quelqu’un croit trouver dans les on-dit des sujets d’inquiétudes réelles, si la crédule confiance trompe les spéculations de son commerce ou ses intérêts intérieurs, son erreur n’est pas durable, ou bien il doit s’en prendre à son défaut de réflexion.

« Mais les étrangers, les personnes attachées aux missions diplomatiques, n’ayant ni les mêmes moyens d’arrêter leurs jugemens, ni la même connaissance du pays, sont souvent abusés; quoiqu’ils aient lieu d’observer depuis longtemps avec quelle constance les événemens se jouent des bruits qui circulent, ils ne les propagent pas moins dans les pays étrangers, et leurs récits font naître sur la France les idées les plus fausses. Nous croyons, en conséquence, qu’il n’est pas hors de propos de dire dans ce journal quelques mots sur les on-dit.

« On dit que l’empereur va réunir sous son gouvernement la république italienne, la république ligurienne, la république de Lucques, le royaume d’Étrurie, les états du saint-père, et par une suite nécessaire, Naples et la Sicile. On dit que la Suisse et la Hollande auront le même sort; on dit que le pays d’Hanovre offrira à l’empereur par sa réunion le moyen de devenir membre du corps germanique.

« On tire plusieurs conséquences de ces suppositions, et la première qui se présente, c’est que le pape abdiquera, et que le cardinal Fesch ou le cardinal Ruffo occuperont le trône pontifical.

« Nous avons déjà dit, et nous répétons, que si la France devait influer sur des changemens relatifs au souverain pontife, ce serait plutôt pour influer d’autant sur le bonheur du saint-père, et pour accroître la considération du saint-siège et ses domaines, au lieu de les diminuer.

« Quant au royaume de Naples, les agressions de M. Acton et son système constamment hostile auraient autrefois donné à la France assez de motifs légitimes pour faire la guerre, qu’elle n’eût jamais entreprise avec le projet de réunir les Deux-Siciles à l’empire français.

« Les républiques italienne et ligurienne, et le royaume d’Étrurie