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LE
MARÉCHAL DAVOUT
SA JEUNESSE, SA VIE PRIVÉE
D’APRES DE NOUVEAUX DOCUMENS

Le Maréchal Davout, prince d’Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même, par Mme la marquise de Blocqueville, 2 vol. Paris, 1879; Didier.

La révolution française, selon toute apparence, n’a plus guère de secrets à nous découvrir; tous ses témoins importans, ou à peu près, ont été entendus, et ses dernières révélations importantes ont été faites, il y a déjà trente ans, avec les papiers de Mirabeau et la correspondance échangée entre le célèbre tribun et le comte de La Marck. C’est au tour du premier empire maintenant de lever les derniers voiles dont une grandeur jalouse voulut que la vérité fût recouverte pour le plus grand profit de son autorité et le plus grand éclat de sa gloire. Jusqu’à une date récente, les panégyristes ont eu seuls la parole sur cette mémorable époque; le premier empire a eu cette singulière fortune que le bien qu’on en pouvait dire a été dit tout de suite, et a été dit seul, sans contradiction sérieuse ni démenti de quelque valeur, en sorte que, sous l’influence de cette apologétique passionnée, la légende napoléonienne s’est emparée aussi sûrement de l’opinion des classes lettrées qu’elle s’était emparée déjà de la foi naïve des classes populaires. Le règne de cette période exclusivement apologétique est désormais terminé, et comme rien ne saurait arrêter la divulgation de la vérité lorsque l’heure en est venue, c’est sous le second empire même, si intéressé pourtant à maintenir l’opinion reçue, que nous avons vu commencer pour l’ère napoléonienne l’époque critique. A la correspondance officielle