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et fit proposer à l’auteur un poste au ministère des finances. Ballanche, ayant à donner des renseignemens sur Fourier à cette époque, le représente comme « ayant une grande réputation de science géographique. » Rien de plus obscur que la vie de Fourier pendant toutes les années qui suivirent : nous n’avons guère à enregistrer que la date de ses ouvrages. C’est en 1808, nous l’avons vu, qu’il publia son premier livre : Théorie des quatre mouvemens. En 1821, il se retire du commerce et va vivre près de Belley, où il médite sa théorie et lui donne sa forme complète et définitive dans son monument capital : Traité de l’association domestique et agricole (1822). Déjà cependant il avait trouvé un disciple, un seul, mais dévoué et fidèle jusqu’à sa mort, et qu’avait convaincu la lecture des Quatre mouvemens, M. Just Muiron, avec lequel Fourier s’engagea dans une curieuse correspondance, que nous possédons en partie. Muiron ne se borna pas à une admiration stérile : il prêta à Fourier un concours actif et généreux. Ce fut lui qui fit les frais de la publication précédente. Ce livre n’eut aucun succès. Les journaux ne songèrent pas à s’en occuper, et les célébrités du temps, auxquelles il fut envoyé, ne le furent même pas. Fourier l’avait adressé, en Angleterre, au célèbre Robert Owen, le grand réformateur, le seul qui ait obtenu des succès pratiques : celui-ci ne paraît pas y avoir attaché la moindre importance et lui fit répondre par son secrétaire. Les ressources de notre apôtre étant alors complètement épuisées, il dut renoncer à sa retraite méditative et reprendre un emploi : il fut nommé, à Lyon, à une place de caissier, aux appointemens de 1,200 francs. C’est alors seulement, vers 1825, que Fourier commença à rallier autour de lui quelques disciples : ce furent, avec le fidèle Muiron, Mme Clarisse Vigoureux, et un jeune écrivain, plein d’ardeur et d’imagination, qui devait être après Fourier le chef de l’école, M. Victor Considérant. Muiron publia vers cette époque un abrégé de la doctrine de son maître, sous ce titre : Aperçu sur les procédés industriels. En 1826, Fourier se décida à venir habiter Paris, toujours en qualité de commis d’une maison de commerce. En 1826-1827, il écrit le Nouveau monde industriel, qui devait être le résumé de son système, mais il ne peut trouver un éditeur, et c’est encore avec l’aide de ses amis qu’il le publia à Besançon en 1829. Il avait annoncé alors qu’il attendait un candidat qui se présentât prêt à faire les frais de l’expérience du phalanstère. Tous les jours, pendant dix ans, il rentra chez lui à l’heure de midi, pour ne pas manquer la visite de ce messie, qui ne vint jamais. Point d’articles dans les journaux sur son dernier ouvrage : tout ce qu’il obtint, par l’intermédiaire d’Amédée Pichot, fut de ne pas être tourné en ridicule dans la Revue de Paris. Celui-ci arrêta la satire d’un économiste, qui allait