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LE
SOCIALISME AU XIXe SIÈCLE

LA PHILOSOPHIE DE CHARLES FOURIER.

Au moment de la crise qui allait dissoudre la secte saint-simonienne, et que nous avons racontée dans un travail antérieur[1], un membre de cette école, écrivant à l’un de ses amis pour lui expliquer cette crise, terminait sa lettre par ces mots : « Avant de continuer directement dans la voie saint-simonienne, je veux m’arrêter devant un homme, inconnu encore, qui me paraît avoir apporté une grande et belle part dans l’œuvre de l’avenir. Cet homme est Charles Fourier, de Besançon, auteur de la théorie des Quatre mouvemens, publiée en 1808, et du Traité d’association agricole, publié en 1822. La valeur du système exposé dans ces ouvrages a été mal appréciée, même par les saint-simoniens. Mon premier écrit sera donc un examen détaillé du système social et cosmogonique de Ch. Fourier. Je n’ignore pas qu’en prononçant ce nom, je puis diminuer et même détruire l’effet de cette lettre, mais je ne sais pas reculer devant un devoir pour obéir à un préjugé[2]. » L’auteur de cette lettre était M. Jules Lechevallier, qui allait bientôt passer, comme ces paroles le faisaient pressentir, de l’école de Saint-Simon à celle de Fourier. Bientôt un autre saint-simonien des plus distingués, le plus grand prédicateur de l’école, M. Abel Transon, passait par la même évolution, et devait traverser encore la secte phalanstérienne ou fouriériste avant de revenir à la foi catholique, dans laquelle il est mort récemment. Ainsi une

  1. Voir notre travail sur Saint-Simon et l’école saint-simonienne, dans la Revue des 15 avril et 1er octobre 1876.
  2. Lettre sur la division de l’école saint-simonienne, par Jules Lechevallier, 1831, 20 décembre.