maître dans cet épisode assez peu intéressant en lui-même et dont l’obscurité est telle que plusieurs fois déjà, avant de recevoir le litre qu’il porte aujourd’hui, le tableau avait été débaptisé. Quant à ce qu’on appelle le style, nous voulons dire l’accord d’un tel sujet avec ses moyens d’expression, il ne saurait en être ici question. Mais si, négligeant les singularités de la composition, nous nous attachons à l’exécution elle-même, il faut bien reconnaître qu’elle est pleine de liberté et de largeur. Le rôle de la lumière est aussi plus marqué; elle reste concentrée sur Samson et sa fiancée, et dans les ombres moins épaisses les détails sont devenus plus lisibles. Enfin, si les personnages manquent tout à fait de noblesse, il y a du moins comme un soupçon des magnificences et des harmonies de l’Orient dans l’étalage pittoresque de ces étoffes, les unes d’un bleu pâle lamées d’argent, les autres rouges mêlées d’or et heureusement opposées aux tons verts qui forment la base des colorations du tableau.
La nouveauté et pour nous l’intérêt de l’œuvre est dans le maniement de cette palette qui, tout en restant discrète, devient de jour en jour plus riche et n’est plus bornée aux rousseurs monotones et un peu trop sommaires de la première heure. Le plus souvent, c’est encore un ton dominant qui sert de motif principal et auquel toutes les nuances, toutes les dégradations viennent faire écho avec des modulations d’une variété inexprimable. Et remarquez que dans la ténuité, aussi bien que dans la vigoureuse franchise de ses accens, nulle part ce ton n’est dénaturé. Tout subtil, tout ondoyant qu’il soit, et bien qu’il se prête à toutes les exigences de l’effet et qu’il se modifie partout aux accidens de la lumière et aux reflets des objets voisins, il reste sain dans sa tenue générale et conserve sa substance.
Le Chasseur avec un butor du musée de Dresde nous apporte une précieuse indication sur la façon d(mt Rembrandt interrogeait la nature et sur les enseignemens qu’il en savait tirer. Ce n’est pas là, comme on pourrait s’y attendre, une de ces ébauches lestement enlevées dans laquelle le peintre, ainsi que l’ont fait plus d’une fois ses confrères, aurait cherché à se délasser d’œuvres plus sérieuses. Le travail comporte au contraire une intention formelle et marque un but précis. Le chasseur, presque entièrement dans l’ombre, s’efface derrière l’oiseau qui, vivement éclairé, est peint avec un soin et une finesse extrêmes. Comme ces simples motifs auxquels l’inspiration d’un grand musicien prête des développemens d’une richesse inattendue, la couleur du plumage de ce butor va servir à Rembrandt de prétexte à un déploiement de ressources qu’une gamme aussi restreinte ne semblait point promettre. Avec quelques tons