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REMBRANDT
DANS
LES MUSÉES DE CASSEL, DE BRUNSWICK ET DE DRESDE.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que Rembrandt a ses fidèles. À travers les fluctuations du goût qui n’ont pas épargné d’autres gloires, la sienne a toujours été en grandissant. Des hommes de tempérament très divers se sont rencontrés dans une pareille admiration pour son génie, et ceux-là même qui, par leur éducation ou les habitudes de leur esprit, semblaient peu préparés à le goûter, n’ont pas été les moins fervens. Sous bien des formes, et plus d’une fois ici même, il a reçu des hommages dignes de lui. Aujourd’hui encore, après avoir, il y a quelques années déjà, publié un catalogue raisonné de son œuvre, M. Ch. Blanc entreprend de nous donner cet œuvre complet reproduit d’après les meilleures épreuves des collections publiques ou privées.

Rembrandt lui-même, il faut le dire, avait pris garde de nous renseigner sur ses productions, et il n’est guère d’artiste qui, plus que lui, se soit montré soigneux de signer et de dater ce qu’il a fait. Mais autant les œuvres du maître sont en vue, autant sa vie a pendant longtemps paru se dérober. Quelques propos apocryphes et des anecdotes plus que suspectes formaient la plus grosse part de ce qu’on savait sur son compte. Un critique qui s’est fait connaître sous le nom de Burger (T. Thoré) avait le premier essayé de démêler et de poursuivre la vérité à cet égard. Mais explorer des archives, c’est, en Hollande surtout, une tâche difficile et ingrate. Il y a là des grimoires indéchiffrables pour un étranger et qu’un Hollandais lui-même a quelque peine à débrouiller. Du reste,