plus près et étudier avec plus de détail les peintures mêmes de Pompéi.
Nous avons vu que ces peintures se ressemblent beaucoup entre elles et qu’au premier abord elles paraissent être toutes de la même époque. On en distingue pourtant quelques-unes, en regardant bien, qui diffèrent un peu des autres et semblent se rapporter à des écoles plus anciennes. Tel est, par exemple, le célèbre tableau du Sacrifice d’Iphigénie, un des plus beaux qu’on ait découverts à Pompéi, et qui, par un rare bonheur, se trouve être aussi l’un des mieux conservés. Au centre, Iphigénie en larmes, tendant les bras au ciel, est apportée à l’autel par Ulysse et par Diomède. Aux deux extrémités opposées, Agamemnon se voile la face pour ne pas voir la mort de sa fille ; Calchas, serrant le couteau dans sa main, semble se préparer tristement à son rôle cruel de sacrificateur. En haut, Diane arrive, dans un nuage léger, avec la biche qui doit être offerte à la place de la jeune fille. Il semble à M. Helbig, juge expert en cette matière, que l’arrangement si régulier du tableau, la correspondance symétrique des personnages, la couleur du fond, les plis des vêtemens rappellent une époque de l’art assez ancienne. Il fait remarquer que les figures sont disposées de telle sorte qu’on n’aurait presque aucune peine pour faire du tableau un bas-relief. Ce qui est plus caractéristique encore, c’est que Diomède et Ulysse sont représentés plus petits qu’Agamemnon et Calchas, d’après cette règle antique et un peu naïve qu’il faut que l’importance des personnages se reconnaisse à leur taille. Tout en présentant ces observations curieuses, M. Helbig ne va pas jusqu’à prétendre que ce beau tableau remonte à une époque très reculée. Il y a dans tous les temps des artistes qui retournent volontiers en arrière, et qui aiment à reprendre les anciennes méthodes et les vieux procédés. Pline, parlant de deux peintres célèbres qui travaillèrent au temple de l’Honneur et de la Vertu, que Vespasien faisait reconstruire, dit de l’un d’eux qu’il ressemblait plus aux anciens : Priscus antiquis similior. C’est sans doute un artiste de ce genre qui est l’auteur du Sacrifice d’Iphigénie ; comme il aimait l’archaïsme, il a conçu et exécuté son tableau à la manière antique, et les peintres pompéiens, selon leur usage, l’ont fidèlement copié.
Mais les exceptions de ce genre sont rares à Pompéi, et l’on peut dire qu’à peu près toutes les peintures y sont de la même école. Cette école, M. Helbig est parvenu à établir, par une suite de raisonnemens et de comparaisons, que c’était celle qui florissait à la cour des successeurs d’Alexandre. C’est donc l’art alexandrin ou hellénistique que les artistes pompéiens ont imité et dont leurs peintures peuvent nous donner quelque image.