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LORD BEACONSFIELD
ET SON TEMPS

I.
L’ANGLETERRE APRES LE BILL DE REFORME.

L’ouverture du parlement d’Angleterre, pour la session de 1877, avait été fixée au 8 février. La haute société anglaise semblait attacher à cette cérémonie un intérêt plus qu’ordinaire, car plus de dix mille demandes avaient été adressées au lord chancelier pour obtenir des places dans les tribunes de la chambre des lords. On savait, et c’était l’explication de cette ardente curiosité, que ce jour-là le premier ministre, élevé à la pairie depuis la clôture de la session précédente, devait prendre séance et rang en qualité de comte de Beaconsfield. Les plus grands noms de la noblesse anglaise s’étaient disputé l’honneur d’assister le nouveau pair dans cette circonstance solennelle, et il devait avoir pour parrains les deux comtes dont les titres sont les plus anciens, les comtes de Shrewsbury et de Derby, chefs des deux illustres maisons de Talbot et de Stanley.

Aussitôt que les pairs en grand costume eurent occupé leurs sièges, on vit entrer solennellement Jarretière, le roi d’armes d’Angleterre, et l’huissier à la verge noire, précédant le grand maréchal, qui est le chef de la maison de Howard, et le grand chambellan, qui est un Percy. Derrière ceux-ci apparut, entre lord Shrewsbury et lord Derby, le nouveau lord Beaconsfield, revêtu de la robe de comte et la couronne comtale sur la tête. Il s’agenouilla