Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 35.djvu/488

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’installation d’un cabinet d’observation à l’usage du professeur d’astronomie de l’université; c’est là le modeste point de départ de l’observatoire du Capitole, dont les premiers directeurs furent F. Scarpellini, puis I. Calandrelli, remplacé depuis 1866 par M. Respighi. L’observatoire du Collège romain a été reconstruit et complété en 1850, grâce à l’énergique initiative du père Secchi, qui l’a dirigé jusqu’à sa mort (1878), car en 1875 le gouvernement italien l’avait prié de conserver ses fonctions. Travailleur zélé s’il en fut, le père Secchi avait une réputation européenne; on connaît ses recherches sur les étoiles doubles, sur les nébuleuses, sur les taches et les protubérances du soleil, sur les spectres des corps célestes, sur les étoiles filantes, sur le magnétisme terrestre, etc. La plupart de ses ouvrages (mt été traduits en français.

Il n’y a rien à dire de l’observatoire de Modène, Celui de Turin, qui a eu longtemps à sa tête le célèbre Plana, plutôt mathématicien qu’observateur, avait été négligé depuis quarante ans lorsque la direction passa en 1865 à M. Dorna, qui s’efforce maintenant de le restaurer.

En août 1875, un congrès astronomique, réuni à Palerme sous les auspices du gouvernement, a voté un plan de réforme, qui conserve tous les observatoires existans, mais en les divisant en trois classes : 1° ceux de Naples, Florence, Palerme, Milan, seront considérés comme établissemens de premier ordre, et les ressources disponibles devront être concentrées sur eux; 2° ceux de Parme, de Bologne, de Modène, sont mis sous la dépendance des universités de ces trois villes et devront se borner à des travaux de météorologie et de physique; 3° ceux du Collège romain, du Capitole, de Turin et de Padoue sont déclarés observatoires universitaires el; consacrés surtout à l’instruction des jeunes astronomes. En restreignant ainsi l’activité de chaque établissement dans les limites imposées par l’état de son outillage, on évitera en tous cas un gaspillage de temps et d’argent, et on nous débarrassera d’un fatras encombrant d’observations sans valeur qui, le plus souvent, sont de véritables obstacles semés sur la route des astronomes engagés dans des recherches théoriques.

La multiplicité des centres d’observations, condition nécessaire de l’indépendance des astronomes, source d’émulation féconde et stimulant énergique de l’esprit d’invention, est, comme le fait remarquer M. Rayet, utile et nécessaire au développement de la science. C’est une vérité qu’en France on commence aussi à comprendre, et la création prochaine des observatoires de Lyon et de Bordeaux, qui prendront place à côté de ceux de Toulouse et de Marseille, rendra chez nous à l’astronomie pratique un éclat digne de son passé.


R. R.


Le directeur-gérant, C. BULOZ.