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ESSAIS ET NOTICES.

LES OBSERVATOIRES D’ITALIE

L’Astronomie pratique et les Observatoires en Europe et en Amérique, par MM, C. André, G. Rayet et A. Angot. — V. Observatoires d’Italie,, par G. Rayet. Paris, 1878, Gauthier-Villars.


L’astronomie physique, qui se donne pour tâche l’étude de l’aspect et de la constitution intime des corps célestes, a pris naissance en Italie, alors que Galilée, tournant vers le ciel la lunette inventée par lui, faisait coup sur coup toutes ces découvertes dont son Nuntius sidereus portait partout la nouvelle aux contemporains émerveillés. Il vit que la lune, loin d’être une sphère parfaite, était couverte de montagnes et de vallées comme notre terre, montagnes dont les ombres s’allongeaient ou diminuaient selon la position du soleil; il put mesurer la hauteur de ces montagnes et constater le phénomène de la libration. Puis sa lunette lui révèle des fourmillemens d’étoiles là où rien n’était perceptible à l’œil nu; il découvre les satellites de Jupiter, entrevoit l’anneau de Saturne, reconnaît les phases de Vénus, observe les taches du soleil en même temps que Fabricius, Harriot et Scheiner, et essaie d’en expliquer la vraie nature. Après la mort de Galilée, les progrès de l’astronomie physique éprouvent une interruption d’un demi-siècle : la guerre de trente ans, les troubles auxquels la France et l’Angleterre sont en proie, ne laissent point aux peuples le temps de cultiver les sciences. Vers 1650, Jean-Dominique Cassini renoue enfin le fil de la tradition scientifique: sa renommée grandit rapidement, et Louis XIV l’appelle en France pour lui confier la direction de l’Observatoire de Paris qui vient d’être fondé (1669). C’est désormais en France et en Angleterre que se concentre l’activité astronomique de la seconde moitié du XVIIe siècle; mais le contre-coup de ce grand élan se fait sentir jusqu’en Italie, et dès le commencement du siècle suivant on y voit les universités, les villes, les corporations religieuses, les souverains, grands et petits, créer des observatoires et des chaires d’astronomie.

Nous allons essayer de résumer en quelques pages l’histoire de ces diverses créations, en prenant pour guide l’intéressant volume que leur a consacré M. G. Rayet, professeur à la faculté des sciences de Bordeaux. Ce volume forme la cinquième partie de l’ouvrage où MM. André, Rayet et Angot ont entrepris de dresser l’inventaire complet des établissemens astronomiques qui existent dans les deux mondes, et qui nous a déjà fourni deux lois l’occasion d’entretenir les lecteurs de la